Mes copains
sont tous en cabane,
ou à l'armée, ou à l'usine.
Y se sont rangés des bécanes,
y'a plus d'jeunesse, tiens ! ça m'déprime.
Alors, pour mettre un peu d'ambiance
dans mon quartier de vieux débris,
j'ai groupé toutes mes connaissances
intellectuelles et c'est depuis
que j'suis
une bande de jeunes
à moi tout seul.
Je suis une bande de jeunes,
je m'fends la gueule.
Je suis
le chef et le sous-chef,
je suis Fernand le rigolo,
je suis le p'tit gros à lunettes,
je suis Robert le grand costaud.
Y'a plus d'problèmes de hiérarchie
car c'est toujours moi qui commande,
c'est toujours moi qui obéis,
faut d'la discipline dans une bande.
Je suis
une bande jeunes
à moi tout seul.
Je suis une bande de jeunes,
je m'fends la gueule.
Quand j'débarque
au bistrot du coin
et pis qu'un mec veut m'agresser,
ben moi aussitôt j'interviens,
c'est beau la solidarité.
Quand je croise la bande à Pierrot,
où y sont beaucoup plus nombreux,
ça bastonne comme à Chicago,
c'est vrai qu'dans sa bande y sont deux.
Je suis
une bande de jeunes
à moi tout seul.
Je suis une bande de jeunes,
je m'fends la gueule.
Quand dans
ma bande y'a du rififi,
je m'téléphone, je m'fais une bouffe,
j'fais un colloque, j'me réunis,
c'est moi qui parle et c'est moi qu'écoute.
Parfois j'm'engueule pour une soute
qu'est amoureuse de toute ma bande,
alors la sexualité de groupe
y'a rien de tel pour qu'on s'entende.
Je suis
une bande de jeunes
à moi tout seul.
Je suis une bande de jeunes,
je m'fends la gueule.
Quand j'me
balade en mobylette,
on dirait l'équipée sauvage,
quinze décibels c'est la tempête
dans tout le voisinage.
Et pis si un jour en banlieue,
toute ma bande est décimée
par toute une bande de vieux,
je me battrai jusqu'au dernier,
car je suis
une bande de jeunes
à moi tout seul.
Je suis une bande de jeunes,
je m'fends la gueule.
I'm a poor
lonesome young-band,
I feel alone,
I'm a poor lonesome young-band,
I break my gueule.
© 1976 ou 1977
(* Gilles Péram = François Bernheim)