Renaud, tournée
Renaud est de retour pour ce qu'il présente comme son ultime tournée. Et c'est bien du sang bouillonnant d'oxygène qui coule dans ses veines empoisonnées un temps par l'alcool et les cigarettes. Le poète, que certains avaient déjà enterré, revient avec une énergie nouvelle, celle de l'homme mûr.
Renaud renait de ses cendres pour nous parler de nous, pour nous parler du monde, pour nous parler de tout ce que nous serions si nous n'étions pas si bouffis d'égoïsme, si aveuglés par nos obsessions. Cravate rouge, chemise blanche et cheveux courts, le chanteur assume désormais son rôle de patriarche grisonnant.
Son look de rebelle des années 80 mis au placard, il se concentre à 100% sur les mots, cette arme dont il est passé maître dés son plus jeune âge. Et les mots fusent, la voix est éraillée mais sûre. L'esprit du poète nous emmène en douceur sur la voie d'un humanisme que l'on avait presque oublié, baignés que nous sommes dans l'obsession sécuritaire et la peur du lendemain. Et Renaud prend des risques, il s'insurge contre tous les extrémismes, de "Bogota jusqu'a Paris", en passant par le Moyen-Orient "Ceux-là ont-ils lu le Coran ?". Récemment père pour la seconde fois, à peine guéri des séquelles de la séparation, on le comprendrait de nous faire un concert "light", duquel on sortirait en se disant "Ca fait toujours plaisir de le voir". Mais ce vendredi 30 mars 2007, le chanteur n'est pas venu pour faire de la figuration. Le voyage à travers la poésie va durer plus de 2h30, sans pause, à un rythme d'enfer.
Soudainement, après avoir passé en revue ses plus grands tubes des années 90/2000, il se cabre sur sa guitare et congédie ses musiciens. Le voici seul devant son micro pour un extraordinaire retour dans les années 70/80 qui va durer plus d'une demi-heure. Laisse Béton, La tire à Dédé, Manu, Je suis une bande de jeune, Dans mon H.L.M, Baston, Hexagone... La cravate rouge est défaite, la machine à mots s'emballe, la renaissance est là, devant vous... Bourgeois le Renaud ? Un homme n'oublie jamais ses racines... et les siennes ne sont clairement pas dans le 16e arrondissement. Le retour des musiciens sur Hexagone marque l'apogée du come back, la salle est debout d'en bas jusqu'en haut, l'agora fête le retour du champion après son long voyage dans le désert.
Mais avant tout, l'homme, que l'on dit d'une grande fidélité, veut nous parler d'amour. D'amour charnel avec Ma Blonde ou Les 5 sens, d'amour filial avec Il pleut ou Malone, d'amour tout court avec Baltique et Rouge Sang « même douleur, même peine ». Car peut-être plus que tout autre il sait que l'amour peut sauver un homme, peut sauver dix hommes, peut en sauver mille.
"Pour me faire taire, il faudra me couper la tête" annonce Renaud. Mais pour l'instant, elle est bien ancrée sur ses épaules, et cela fait plaisir à voir.
Voici venu pour lui le temps de la sagesse. Mais pas celle du Conseil des Sages, pas celle de l'enfant sage, celle de Gandhi, celle de Mandela, celle qui a le pouvoir de faire bouger les montagnes, celle qui va jusqu'au bout.
Vous le croyiez ramolli ? Vous le pensiez fini ? Son rouge est celui du Phénix et si vous ne me croyez pas, allez donc voir vous-même !