Livres La Dernière Heure, le par be.
Mis en ligne dans le kiosque le 13 décembre 2015.

Renaud à travers le regard de ses proches

Le chanteur français est mis à nu dans une biographie intime signée Erwan L’Éléouet.

À 63 ans, Renaud renaît. Artistiquement, il prépare un nouvel album à Bruxelles. Il sort de l’ombre dans laquelle il s’est tapi avec le livre d’Erwan L’Éléouet, Renaud ; Paradis perdu (Ed. Fayard).

Le rédacteur en chef d’Un jour un destin a écrit une biographie complète, riche de témoignages inattendus (dont celui de David, son frère jumeau et des femmes de sa vie, Dominique Séchan et Romane Serda). Seule sa fille, Lolita, manque à l’appel. J’ai tenté de la contacter via Dominique (sa mère, NDLR), je trouvais que ça aurait été une parole intéressante. Mais cela s’est passé à un moment où son père n’était pas très en forme. Elle n’a pas témoigné. Je ne l’ai jamais entendue parler de son père. Elle veille à se préserver.

Pourquoi avoir écrit votre premier livre sur le chanteur ?

Erwan L’Éléouet : J’ai 42 ans aujourd’hui. Renaud est un chanteur qui m’a accompagné. J’ai des souvenirs des années 1980 qui sont liés à Mistral Gagnant ou Morgane de toi . Et puis, je suis rédacteur en chef d’Un jour Un destin sur France 2 et nous avions évoqué sa trajectoire. Je souhaitais en faire plus, disposer de plus d’espace et de temps pour en parler.

Vous n’avez pas peur d’avoir écrit une énième biographie sur Renaud ?

R.L'E. : Si. J’ai eu cette crainte. C’est une question qu’on se pose dès le départ. On a ça en tête. Je me suis dit que je pouvais me démarquer avec des témoignages de personnes marquantes comme son frère jumeau, David, qui a été l’homme de l’ombre et qui a souvent refusé les entretiens. Et Dominique, sa première femme, celle qui a accompagné l’ascension de Renaud. Elle a été sa muse, celle qui l’a encouragé à écrire, la mère de Lolita et elle compte encore beaucoup dans la vie de Renaud. Elle s’est rendue à Bruxelles cet été pour l’encourager à aller au studio. Elle a encore une relation privilégiée avec lui. Je pense avoir écrit une biographie plus intime qui apporte de nouvelles choses, avec de nouveaux témoignages.

Vous avez découvert un autre Renaud ?

R.L'E. : J’ai découvert plus de choses sur ses angoisses et ses dépressions importantes, son hypersensibilité. Tout était un peu inscrit dans son enfance. Son frère, David, nous le raconte. Leur mère, Solange, couvait Renaud. Elle s’en occupait plus. Ses camarades se souviennent de son regard malicieux, de son humour décalé… L’enfance a imprimé quelque chose en lui : un bonheur indépassable. Il a eu la nostalgie du cocon familial, la nostalgie du père qui écrivait, celle de la mère qui avait des goûts populaires… C’est tout ce qui a fait Renaud, ça a été le chaudron magique. Le paradis perdu, c’est ce après quoi il court toujours. Mais, aujourd’hui, il sait qu’il l’a définitivement perdu !

On le sait : Renaud a lu votre livre. Savez-vous ce qu’il en a pensé ?

R.L'E. : Il l’a beaucoup aimé. J’étais angoissé. Son avocat m’a appelé l’avant-veille de la parution du livre pour me demander un exemplaire. La veille de la sortie, Renaud l’a reçu, à Bruxelles. Il m’a appelé l’après-midi même par le biais de son avocat. J’avais aussi reçu un texto de Dominique. Il s’est retrouvé dans mon livre, m’a-t-elle dit. Tous deux m’ont affirmé qu’il l’a aimé. Je le prends comme une récompense.

Vous ne regrettez pas de ne pas l’avoir interrogé ?

R.L'E. : J’ai tenté de le joindre par divers intermédiaires. En vain. Finalement, je me dis que le fait de ne pas l’avoir rencontré, de ne pas avoir son témoignage, ça m’a permis de garder une distance nécessaire. Ce n’est pas lui qui a aidé à accoucher d’une autobiographie. C’est une biographie. J’ai gardé mon regard sur l’homme et le chanteur.

C’était revenir à la chanson ou mourir

Depuis quelques mois, Renaud enregistre son prochain album dans le studio ICP à Bruxelles. Il s’y trouve encore au moment d’écrire ces lignes. Il prépare son retour à la chanson.

La renaissance artistique de Renaud, Erwan L’Éléouet y croit. Quand j’ai commencé à écrire le livre, je n’en étais pas sûr. Son frère jumeau, David, et Dominique n’y croyaient pas trop non plus, nous dit-il. Plusieurs de ses proches n’y croyaient plus. Il n’avait plus écrit depuis des années, il n’en avait pas manifesté l’envie…

Au fil des jours, ce retour à la musique est devenu une évidence pour ses proches. Son frère David m’a d’abord parlé de trois chansons. Dominique, sa première femme, me disait qu’il avait huit chansons, presque un album…

En toute discrétion, à l’abri des regards, Renaud a investi le studio ICP à Bruxelles pour enregistrer son nouvel album. Son frère David m’a dit : ‘C’était ça ou mourir’ . Tous ses proches font état d’une sorte d’urgence à sortir cet album. Je pense qu’il avait besoin d’encore montrer que c’est un artiste. La perte de ses potes Cabu et Wolinski et la mort des victimes des tueries et attentats l’ont profondément bouleversé. Cela a peut-être ‘fait renaître l’inspiration’.

Concernant ce nouvel opus, rien ne filtre. C’est le mystère. Seule sa collaboration avec Grand Corps malade est connue. Mais les chansons pourraient bien faire grand bruit. L’auteur de cette biographie intime ajoute : Il va à nouveau s’exprimer à travers des textes forts. Son frère, David, me disait qu’on allait entendre parler de certains textes.

Quant à sa voix, probablement malmenée par l’abus d’alcool et l’âge, ce n’est pas quelque chose qui le retient. Il s’est toujours moqué de sa voix, et ce, dès ses débuts. Je pense qu’il a envie de faire un beau disque, simplement.

Article original

Aucun commentaire

Soyez le premier à commenter !


(ne sera pas publié)