Concerts : Compte-rendus et annonces L'Est Républicain, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 3 juin 2007.

« Renaud président »

« Ticket » gagnant pour le poulbot venu partager ses colères et sa tendresse avec le public nancéien durant trois bonnes heures.

Bien sûr, il a commencé par « Malone », l'hommage à son fils, un an en juillet prochain. L'un des jalons illuminés de sa nouvelle vie, celle du bonheur retrouvé après de douloureux égarements. « L'existence, ça change mais les chansons restent » précise-t-il après avoir effectué un flash-back vers ses démons d'hier dans un tube qui l'avait remis en selle et scellé son retour triomphant, « Docteur Renaud - Mister Renard ». C'est un artiste particulièrement en forme qu'a retrouvé le public nancéien hier soir, un Zénith comble... 5.600 personnes au total pour un récital de trois heures entrecoupé de nombreux commentaires bien sentis, histoire de rappeler qu'il n'a pas changé. Gros succès, bien sûr, pour son incendiaire « Elle est facho ». Le commentaire est tranché comme ses couplets et le public aime.

Sur les toits

En cette période électorale, il ne pouvait que rappeler où il est, ce qu'il pense de certains candidats. Parmi les spectateurs, entre rire et claque enthousiaste le plaisir n'en finit plus de monter jusqu'à se lancer d'une seule voix dans un long « Renaud président ! » qui lui arrache un de ses sourires tout à la fois ironique et complice. A la place de village en fête, décor de son précédent, ont succédé des toits à l'ancienne couverts de zinc, ceux de Paris dont il demeure avec son accent un poulbot. Vêtu d'un costume sombre, cravate « rouge sang », il évolue sur le devant de la scène entouré d'une belle brochette de musiciens avec aux premiers postes, ses vieux complices Alain Lanti derrière le piano et Jean-Pierre Buccolo à la guitare. Le répertoire est varié avec une dominante de cordes, violon compris. On passe ainsi de belles envolées country à des airs délicieusement folk, très marqués. L'accordéon est également de la fête, comme hier et bien longtemps avant. Il n'hésitera pas à s'en emparer le temps d'une mélodie nostalgique avant de revenir à des envolées plus bastringues mais toujours bien troussées.

Reflets mauves

Une certaine critique est passée à côté de son dernier album, fleuve, pas le public qui le reprend en choeur, s'en délecte. Comme il le fait pour des morceaux plus anciens dont le propos, le plus souvent, est toujours d'actualité comme cet inusable « Bal à l'ambassade » ou le tout aussi cinglant « Dis papa quand c'est qu'il passe le marchand de cailloux ». L'occasion encore de s'interroger, alarmiste, sur les futurs proches et la vie qu'il prépare à son « bébé ». Dans cette descente au coeur d'un répertoire particulièrement fourni figure le détour par « Paris-Dakar », méchamment égratigné bien sûr. Le ton monte avec les effluves rock d'« arrêter la clope »... « pour ne plus être un esclave, retrouver la liberté ». Le tout confié en allumant une cigarette. En l'absence d'Axelle Red, le public se lance dans un duo le temps de « Manhattan - Kaboul ». S'il ne classe pas « Mistrals gagnants » parmi ses « deux chansons préférées », cette ballade où dominent le piano et la tendresse paternelle fait plus que jamais un malheur et demeure l'un des joyaux du patrimoine français. Renaud met surtout l'accent sur « Elsa », écrite pour partager le chagrin d'une amie de Moselle frappée par un terrible deuil. Et puisque comme il s'en amuse, sous les huées générales, sa carrière touche à sa fin, si un titre doit rester c'est celui qu'il dédie à « Ingrid Betancourt », une volée cinglante de mots sur les faux révolutionnaires, les détourneurs d'idéologie pour une seule cause, le dieu argent. Les lights se sont éteints pour laisser seul l'espace scénique éclairé par les reflets de longues rampes mauves qui éclaboussent le métal du décorum. Le timbre dérape par moment, il s'en excuse mais il ne va cesser de se bonifier tout au long d'un show particulièrement généreux. Il remettra ça le 26 juin au Galaxie et là il reste encore des places.

er_14-04-07_foulenancy.jpgUne connivence de tous les instants avec les 5 600 spectateurs.

er_14-04-07_renaud.jpg C'est un Renaud particulièrement en forme qu'a retrouvé le public. Photos Dominique Charton

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