Ses actions Hermaphrodite, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 1er mars 2005.

La saga du journal TANT PIS POUR VOUS continue

"FAUT-IL AVOIR PEUR DES ARABES ?"

Une fois de plus, nous donnons la parole à Grégory Protche, co-rédac chef avec Karim Boukercha du journal Tant Pis pour vous (diffusion nationale en kiosque au prix de 3,50 euros). Une manière de faire le point avant la sortie imminente du numéro 4 (première semaine de novembre). Pour l'heure, toujours en kiosque, le numéro 3 : retour sur un journal qui progresse à sa façon, avec sa démarche chaloupée qui doit autant à Tony Montana qu'à Jean Lefebvre. Dans la pénombre médiatique actuelle, nous avons besoin de canards comme celui-ci ! Alors, encore une fois, bienvenue à TPPV.

Philippe Krebs

Bien sûr, il y a deux ou trois autres sujets, portraits, opinions, critiques, etc, dans le numéro 3 de TANT PIS POUR VOUS (voir sommaire, ci-dessous). Mais enfin, faut bien avouer que le chorégraphe de la Star Académie et la question posée en une auront a priori plus retenu l'attention... Où en sommes-nous ? 4000 exemplaires du numéro 1 vendus. 2500 du numéro 2. Baisse logique, dit-on. Mais pas hémorragique. Donc, pas de plainte. Procès Renaud ? En cours. On a profité d'un droit de réponse qu'il a publié dans le Nouvel Obs, courant juillet, dans lequel il nous insultait :

"Cher Nouvel Obs, Vous ironisez sur l'action en justice que j'intente contre le torchon "Tant pis pour vous" pour "insultes publiques à particulier". Outre l'habituel procès consistant à me faire passer pour un rebelle qui n'hésite pas à faire appel à la justice lorsque ses intérêts personnels sont en jeu, alors que, si "rebelle" je suis, je ne vois rien de paradoxal à être par ailleurs épris de justice, vous n'hésitez pas à m'accuser de porter atteinte à la liberté de la presse, accusation que je ne saurais tolérer. J'espère de tout mon coeur que la justice, à laquelle je fais appel pour la première fois en trente ans, me donnera raison et que les 15 000 euros que je réclame à l'auteur de l'article me seront attribués. Sachez qu'ils seront immédiatement reversés à l'association Orphelinat mutualiste de la Police nationale que je soutiens financièrement. Je vous rappelle que "Tant pis pour vous" m'a traité de "répugnant, sale, réac blasé, raciste, suceur de prolos", j'en passe et des meilleures. Je me demande quelle réponse apporter à de tels propos qui portent atteinte à ma dignité et à mon honneur et me contre-fous de porter atteinte au portefeuille de ces écrivaillons haineux qui m'ont insulté de manière diffamante comme aucun brûlot de la presse d'extrême droite ne se l'est jamais permis. Bien à vous... RENAUD" (Droit de réponse de RENAUD à la suite de l'article de Bernard Loupias concernant le procès intenté au journal TANT PIS POUR VOUS in Nouvel Obs, juillet 2004)

...pour, à notre tour, utiliser le droit de réponse, vu qu'il nous incriminait nominalement :

Cher Nouvel Obs, Vous avez publié une lettre de Renaud dans laquelle il insultait le journal Tant Pis Pour Vous ('torchon'). À vous, un droit de réponse. À nous, une assignation (pour injures). Il a mal pris mon article (in Tant Pis Pour Vous n°1), qui avait le mauvais goût de trouver rentable une dépression utilement mise en avant. J'ai donc réussi à tirer de sa torpeur tropézienne l'ex-chanteur énervé et énervant désormais fatigué et fatigant. Procès, donc. D'où un papier de Loupias chez vous, puis la réponse de Renaud. Euh, précision, Renaud ne nous demande pas un euro symbolique, mais 15 000 euros... Aurait-il voulu tuer un journal associatif (nous vivons toujours, numéro 3, consacré aux Arabes en France, en kiosques actuellement). J'ai l'honneur d'être le premier journaliste qu'il poursuit (à part, bien sûr, pour obtenir d'eux des articles !). Plus troublant, Renaud compte reverser les 15 000 euros à l'orphelinat mutualiste de la police... (lui qui 'crachait' dans 'leurs calots'). Question : pour un chanteur de gauche, n'eût-il pas été plus judicieux, de reverser cette somme à des victimes des bavures policières ? Mais je ne suis pas Renaud. La preuve, j'écris. Je n'assigne pas. Grégory Protche Co-rédacteur en chef de TANT PIS POUR VOUS (droit de réponse au droit de réponse de Renaud, in Nouvel Obs, le 7 octobre 2004)

En vrai, c'est pas tant pour lui répondre que pour s'assurer un peu de pub pour le numéro 3 dans un hebdo à gros tirage.

À part ça ? Vu qu'en termes de promo, pour le 2, comme des gros fainéants, on n'avait pas foutu grand chose, pour le 3 on s'est décidé à se remuer un peu le cul. Tracts, petites affiches...rédaction de textes de présentations mis en ligne par divers sites... Un COUP marrant : 577 exemplaires, accompagnés d'une lettre, dûment mis sous enveloppes et déposés à l'attention des députés à l'Assemblée Nationale. Résultat : les députés de droite sont plus polis que les députés de gauche. Les seuls à avoir, au minimum, accuser réception d'une lettre type, et, au maximum, d'un mot disons d'encouragement et de remerciement. Autre coup : profitant de la première projection du nouveau film de Pierre Carles, Ni Vieux, Ni Traîtres - consacré aux anciens de la mouvance d'extrême gauche, proches d'Action Directe, etc, et à leurs évolutions -, à Paris, nous distribuons gratuitement les exemplaires restant du numéro 2. Collé sur chaque exemplaire, un stickers représentant la couverture du numéro 3. « Si vous aimez le 2, vous irez acheter le 3, qui est en kiosques jusqu'à la fin du mois d'octobre. » Jolis moments : entrer dans la salle pleine d'un millier de personnes, et contempler ces rangs entiers en train de feuilleter TANT PIS POUR VOUS ; à la fin, au sol, des dizaines d'exemplaires, oubliés, abandonnés exprès... Au même moment, sur Canal Plus, dans l'émission de Denisot, on montre la couverture du 3. Comme d'hab' : on ne se voit pas. La Télé Française Juive a diffusé huit fois l'interview de Karim et moi. On a beau passer notre vie devant la télé, on n'a jamais réussi à se voir. Ça doit avoir un sens, de ne jamais réussir à se voir, de ne jamais pouvoir succomber aux délices de l'autosatisfaction narcissique. Mais lequel ? Voilà. Alors, pour ultimement relancer les dernières possibilités de vente en kiosques du numéro 3, au lieu de recaser un texte de présentation déjà mis en ligne ailleurs, et, aussi, dans l'incapacité d'en pondre un autre (on va pas commencer à pipauter), voici le texte écrit par Karim Boukercha à propos de Kamel Ouali, le chorégraphe de la star académie. Plus, donc, le sommaire. Merci.

Kamel Ouali est un mec normal...

Une fois n'est pas coutume, On justifie le choix de la trogne célèbre mise en couv'. C'est vrai aussi que, pour une fois, on l'a pas mise en une, cette trogne, juste pour appâter et racoler. Pour une fois, elle est raccord. Et avec le contenu, et avec les ambitions de ce numéro. Et puis, qui sait, ça nous permettra peut-être de rajeunir notre lectorat, tout en le féminisant !

Je n'ai pas d'affection particulière pour Kamel Ouali, ni de haine d'ailleurs, je ne sais même pas si Kamel Ouali danse bien, car je n'y connais rien à la danse. Je vois juste que, Kamel Ouali a un nom et un prénom, là ou Smaïn n'avait qu'un prénom. Qu'il se retrouve régulièrement souriant en prime time d'une émission populaire où il n'a rien à vendre, qu'il plaît autant aux minettes qu'aux mamans, et que pour l'instant il a toujours la bonne idée de ne militer qu'en étant souriant. Kamel Ouali est donc un être humain à la télé avant d'être un Arabe, Kamel Ouali est donc normal. Et pour le coup, en devient vraiment intéressant, brisant sans rien casser, l'image de l'Arabe, souvent condamné à faire le comique, le porte drapeau, le bon en foot, le rappeur ou celui qui, à coup de lourdes phrases d'exposé de quatrième, se plaint en boucle, de ce qu'on a fait à ses parents pendant la guerre d'Algérie... Alors oui, la guerre d'Algérie, les problèmes sociaux, le foot, c'est important, mais moins important, aujourd'hui, que d'avoir des nuls, des gentils, des mielleux, des libidineux, des petits gros, des érudits, des femmes, des garces, des cons, des ambitieux à gerber, des brillants, de toutes les communautés représentées. Pour enfin se dire, voir et constater au quotidien, que l'Arabe, comme le reste du monde, est capable du meilleur comme du pire, en revenir donc à être normal, et fatalement être accepté. Voilà donc comment paraître sympa et bon vivant, dans une émission assez merdique mais très regardée, peut faire quelque part beaucoup plus pour l'intégration ici, que douze nuits interminable spécial Algérie sur Arte, 19 albums de rap conscient, 180 vannes plus ou moins marrantes, et deux buts lors de la finale de coupe du monde. Tout simplement parce que le 'normal', pour ce coup-ci, sort de tous les clichés, échappe à toute connotation, n'a pas le défaut d'identification que peuvent avoir le talentueux ou le prodige (car forcement pas donné au plus grand monde), et donc semble déjà mille fois plus accessible. Kamel Ouali, et ce qu'il représente indirectement, déjoue toute tentative raciste, par sa normalité, et moi je trouve ça bien et sain, qu'il soit accepté, aimé, sans faire de vague et rien prêcher... Comme je trouverais ça bien qu'on relativise le racisme à un trait de caractère, permettant ainsi de lui donner moins d'importance. Pour moi, le raciste lambda, c'est comme le vieux à l'arrêt du bus, de base il t'aime jamais et te regarde de travers, puis quand tu te mets à lui parler et à sympathiser, il se dit toujours 'Oui, mais toi t'es pas comme les autres', alors que t'es juste pas comme les autres parce que tu lui as parlé. Le raciste lambda n'est pas raciste contre les Arabes ou les noirs, mais contre l'image qu'il a de certains noirs et certains Arabes. Le raciste lambda est l'allié du musulman, il pousse à ne pas sombrer dans la haine devant l'épreuve, à être bon et droit, à réfléchir... Permet de se construire en opposition à quelque chose. En clair, pour être utile, le raciste doit servir à l'étranger, pour que tout le monde y trouve son compte. Banaliser le racisme, et le rendre 'utile', c'est le début d'une vraie intégration, qui laissera la place à quelque chose de plus divertissant mais nettement moins arrangeant pour les puissants, de quelques origines qu'ils soient, le racisme de classe sociale. Banaliser le racisme, jusqu'à ne plus y faire attention, c'est tout de suite lui enlever de son intérêt, éviter de perdre du temps dans des débats de toute façon infondée, où le grand gagnant est souvent l'ego et la mauvaise foi. Parler à un raciste comme si il ne l'était pas, c'est oublier les différences, et je vous assure que c'est une façon mille fois plus productive que de lui cracher votre haine (pas infondée, mais pas non plus plus intelligente) du raciste à la gueule... Moi qui n'ai jamais milité pour tout ce qui va dans ce sens, je peux alors dire fièrement avoir converti à l'amour du mec normal : au moins cinq vieux dans le bus, quatre mecs qui jouaient au foot avec moi, trois patrons pour qui je travaillais, un propriétaire d'appartement, un beau père de pote, un videur de boîte de nuit, un Antillais, deux ou trois de mes voisins, sans jamais sucer personne. Juste en étant moi-même et oublier de leur rendre la pareille. Alors je finirais ce texte, en disant aux gendarmes de La Baule, qui m'ont insulté par haine du Parisien basané, au patron de bar qui refusait de me recevoir, au videur de la boîte péniche pour la soirée de fin d'année de mon école, qui m'a dit 'T'es pas de l'école toi ?', et quelques autres : Messieurs, vous ne m'avez jamais faire perdre de temps, toujours donné de l'énergie, et de l'ambition, pas réussi à me faire devenir mauvais et aigri... C'est moi qui ait gagné...

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