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Mis en ligne dans le kiosque le 15 octobre 2009.

Libérez Casabonne !

Arrêté le 6 juillet 1987 à Torremolinos, et condamné par l'Espagne à six ans et un jour de prison, après un simulacre de procès, Jean-Philippe Casabonne, étudiant palois, purge sa peine dans le terrible pénitencier de Herrera de la Mancha. Au regard du droit espagnol, Jean-Philippe Casabonne, qui a accompli les deux tiers de sa peine, est libérable. Renaud, Mgr Jacques Gaillot et Christian Laborde, qui soutiennent Casabonne depuis le début, ont écrit à François Mitterrand pour exiger sa libération. Voici le texte intégral de cette missive.

« Un évêque, un chanteur, un écrivain : c'est le trio qui aujourd'hui vous écrit de Pau, à quelques kilomètres de la vallée d'Aspe où sont les truites, le gypaète barbu, le desman, les ruines d'un fort dans lequel Lamartine, alors jeune officier du 55e de ligne, écrivit « Dolorida », et les ours. Les ours, Monsieur le Président ! Ils vont les liquider au nom de l'E7, ce projet valléicide conçu par les valets de l'Europe des marchandises. Un soir, Monsieur le Président, nous ferons toc-toc à votre porte, vous ouvrirez, et nous vous parlerons des ours...

« Cette lettre, nous la rédigeons à Pau, où vécut Vladimir Nabokov, et où les Lolitas ont des tee-shirts qui disent « Libérez Casabonne ! » Jean-Philippe Casabonne est un prisonnier d'opinion. Il a été arrêté le 6 juillet 1987, en Espagne, à Torremolinos, alors qu'il s'apprêtait à héberger un homme et une femme qui lui avaient été présentés - et nous citons M. Roland Dumas - comme étant « des réfugiés politiques ». Les réfugiés politiques étaient membres de l'ETA... Casabonne l'ignorait, mais Casabonne s'est déclaré « solidaire du peuple basque ». La justice espagnole l'a condamné à six ans et un jour de prison. Jean-Philippe Casabonne purge sa peine dans le terrible pénitencier de Herrera de la Mancha.

« Casabonne voulait faire en Espagne ce que le curé d'Espelette faisait dans son presbytère : héberger, non Paul Touvier, mais des réfugiés politiques. Casabonne signifie, en gascon, « bonne maison ». Casabonne voulait, en Espagne, habiter son nom. Casabonne, qui a refusé de demander sa grâce au roi d'Espagne, a accompli les deux tiers de sa peine. Il est, au regard du droit espagnol, libérable. La décision de libérer Casabonne, Monsieur le Président, est politique. C'est pourquoi, nous vous demandons d'intervenir auprès de Felipe Gonzalez.

« Personne en France ne parle de Casabonne, et partout en France des affiches nous invitent à voter. Peut-on voter pour ceux et celles que le sort d'un prisonnier d'opinion laisse indifférents ? Quel crédit accorder à des politiciens qui nous parlent du prix du beurre, alors qu'un homme, solidaire d'un peuple que le cadastre nie, purge encore sa peine honteuse ? Exigez, Monsieur le Président, la libération de Jean-Philippe ! Ce faisant, vous rappellerez à nos concitoyens qu'héberger, verbe du premier groupe, est français, et que Voltaire chez nous se porte bien. Héberger, Voltaire, et liberté d'opinion : agissez, Monsieur le Président, au nom de l'essentiel ! Lui seul peut nous mobiliser ! »

Jacques Gaillot, évêque d'Évreux.

Renaud, chanteur.

Christian Laborde, écrivain.

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