Livres Le Matin, le par ch.
Mis en ligne dans le kiosque le 11 novembre 2011.

Le cri du c½ur de son frère : « Renaud : laisse pas béton ! »

Thierry Séchan, frère du célèbre chanteur Renaud, vient d'écrire une lettre ouverte à l'auteur de "Mistral gagnant", à nouveau aux prises avec ses vieux démons.

left Il a complètement disparu de la scène médiatique et artistique. Mais ce n'est pas délibéré. Si l'on entend plus le son de la voix éraillée de celui qui se définissait comme L'énervant, c'est que le célèbre chanteur Renaud a replongé dans une profonde dépression, renouant au passage avec sa vieille maîtresse portant le nom fatal de dive bouteille. Le tout mélangé au tabac et aux antidépresseurs pour combattre ses angoisses...

L'impuissance de sa femme

Depuis un an, Renaud va de mal en pis, perdant l'inspiration pour écrire de nouvelles chansons et se laissant aspirer vers ses anciens démons. Pendant quelques années, il avait pourtant retrouvé l'amour et était parvenu à remonter la pente jusqu'à renouer avec le succès professionnel, avec la sortie de Boucan d'enfer en 2002 (2,2 millions d'albums vendus) .

La chanteuse Romane Serda, qui partageait sa vie et avec laquelle il a eu un fils, a fait part en septembre dernier de son impuissance à éviter la rechute. Au point d'aboutir à une issue devenue inévitable : le divorce. J'ai mis beaucoup de temps. J'ai essayé de recoller les morceaux. J'y ai cru (...) Et il rechutait, et moi, je m'effondrais (...) Je n'arrivais plus à être le pilier. Je n'avais plus la force. Ces attentes déçues, cela faisait trop souffrir, confiait-elle à l'hebdomadaire Paris-Match.

Le site internet chartsinfrance.net donne aujourd'hui un nouvel éclairage sur la descente aux enfers d'un chanteur interprète attachant, emblème de plusieurs générations.

Arrivant au terme de la rédaction du livre Renaud : Putain de vie, dont la sortie est prévue pour le 12 janvier prochain, le journaliste Claude Féouter a sollicité Thierry Séchan, également auteur et parolier, pour en écrire la préface.

Le frère de Renaud a accepté la proposition. Et sa contribution, il l'a faite sous forme de lettre ouverte. En voici des extraits publiés en avant-première sur le site chartsinfrance.net.

Mon bien cher frère, cela fait des années que je ne t'ai pas écrit. Si ma mémoire est bonne, mes dernières lettres remontent au début des années soixante-dix, lorsque tu avais quitté Paris (mais quitte-t-on jamais Paris ?) pour t'installer en Avignon. ( ...).

Tu étais gagné par la paranoïa

Thierry Séchan évoque ensuite la carrière du frangin, ses succès, ses errances et sa première chute en enfer dans les années 90 après la mort de ses potes Desproges et Coluche, parrain de sa fille Lolita.

L'alcool devenait plus régulier, il te faisait office d'antidépresseur. Tu étais gagné par la paranoïa. Bientôt, Dominique (ndrl : la première femme de Renaud) ne put plus supporter cette vie. Elle te pria de déménager. Tu t'installas dans un grand appartement juste au-dessus de la Closerie des lilas. Naturellement, tu ne pus y vivre seul... Et c'est ainsi que, quelques semaines après, je vins habiter avec toi dans ce logement de 230 mètres carrés, relate Thierry Séchan.

Cinq ans sans dessaouler, ou presque. Cinq ans dans une solitude extrême, malgré la présence constante de tes proches. Et ton public qui attendait, qui attendait ton retour, un nouvel album, ton public presque aussi désespéré que toi..., poursuit le frère de Renaud.

Un suicide à petit feu

Thierry Séchan termine alors son cri du c½ur déchirant destiné à secouer son frangin : Hélas, depuis quelque temps rien ne va plus. Tes vieux démons ont repris le dessus. Ton couple se délite, l'alcool a refait son apparition... La déprime est là, omniprésente. Tu dis à qui veut l'entendre que tu ne peux plus chanter. Je n'arrive pas à y croire. Un artiste n'arrête jamais de créer, voyons ! A moins qu'il ne se suicide, bien sûr... Mais il est vrai que ton comportement actuel s'apparente à un lent suicide, un suicide à petit feu. Que faire ? Te regarder sombrer les bras croisés ? Inimaginable ! Pour reprendre le slogan que tu avais fait imprimer dans Le Matin de Paris en 1988 afin d'inciter Tonton à se représenter : Renaud, laisse pas béton !

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