Entrevues La République du Centre, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 27 mai 2007.

Renaud : « On livre son âme sur scène, comme une strip-teaseuse... »

Le chanteur sera en concert au Zénith d'Orléans le jeudi 24 mai.

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Présentez-nous le concert « Rouge sang » que vous allez offrir au public orléanais...

Un beau décor sur le thème des toits de Paris, des musiciens fidèles et des nouveaux aussi. Moi, j'ai retrouvé une voix à peu près correcte - c'est vrai je n'ai jamais été connu pour ma voix, je ne suis pas Carruzzo - mais je fume moins, je suis heureux, je ne bois plus. Cela joue sur les cordes vocales ! Sur scène, je suis toujours déconneur, provocateur. Et, on a fait un subtil mélange pour imposer les nouvelles chansons et offrir aux nostalgiques les anciennes, ce qu'ils appellent « la bande son du film de leur vie ».

« Rouge sang » parle d'amour, d'enfance, de la clope mais aussi des bobos. C'est une chronique sociale ?

Beaucoup de mes potes se sont retrouvés dans ce portrait de cette classe sociale assez large, citadine. Moi aussi, je m'y intègre. C'est une chanson fantaisiste pour faire sourire mais certains bourgeois gauche caviar, qui manquent d'humour, se sont sentis agressés.

Quand on dit de vous que vous êtes tendre et révolté à la fois, cela vous convient bien ?

Comme tout le monde, j'ai mes coups de coeur, mes coups de gueule, mes colères. Je suis sensible à la beauté, à la vie, aux enfants et révolté par la barbarie, les injustices... J'essaie d'évoquer tout cela dans mes chansons.

Vous avez dit « un artiste c'est comme une strip-teaseuse ».

On livre son âme sur scène, comme une strip-teaseuse livre son cul. J'aime bien raconter ma vie mais je n'aime pas la vendre ou me la faire voler par la presse people. D'ailleurs, pour parodier « Voici », lors de ma tournée, mon programme s'appelle « Merci ». On y trouve des « peopleries » sur ma vie privée et professionnelle. C'est assez rigolo.

Engagé, vous soutenez la libération d'Ingrid Bétancourt...

C'est une femme libre, démocrate, intègre qui s'est battue pour la liberté, contre la corruption, l'injustice. On ne sait pas si elle est encore vivante. Elle devrait d'ailleurs être la future Marianne. Si seulement, avant la fin de ma tournée, la Colombie pouvait libérer sa plus belle colombe.

Dans un autre domaine, vous êtes anti-corrida également...

C'est révoltant que cette pratique existe encore dans un pays civilisé. Alors je fais signer des pétitions, accueille des associations pour la protection animale.

Durant votre tournée, avez-vous le temps d'écrire, de créer ?

De procréer plutôt ! J'ai deux enfants. J'en voudrais encore quatre. Sinon, oui, j'écris beaucoup, pour d'autres que moi aussi et je passe beaucoup de temps sur Internet à dialoguer avec mes fans.

Vous vivez à Londres. Pourquoi le choix de cette ville ?

On y vivra vraiment dans deux ans. J'aime le civisme des Anglais, leurs pubs, leur foot, leurs flics courtois, leur rock, leur art de vivre. Et l'anonymat que l'on peut avoir là-bas avec Romane. Mais ce n'est surtout pas pour les impôts, je ne me plaindrai jamais de payer l'ISF.

Quels sont les jeunes artistes qui vous plaisent aujourd'hui ?

Y'en a plein ! Delerm, Bénabar, Dorémus, Jeanne Cherhal, Agnès Bihl, Marie Cherrier, Elodie Frégé, Aldebert, Raphaël, Grand Corps Malade, Abd al Malik. Toute une richesse, un renouveau.

Votre regard sur votre carrière ...

Si c'était à refaire, je re-signerai mais je serai peut-être plus exigeant. Ce qui compte c'est de durer. Et malgré les périodes difficiles, je suis là depuis 32 ans.

Vos projets ?

Finir cette tournée, passer du temps avec ma femme, faire le baby-sitter à sa place et que sa carrière décolle, écrire, voyager. Je dois aussi finir mon roman autobiographique « Le jaune et le noir ». Le prochain album, ce n'est pas urgent...

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