Renaud, fumeux saint patron de la lutte antitabac
A contretemps.
En voilà une idée fumeuse. Le chanteur Renaud s'est vu remettre mardi matin par l'OMS à Genève un pompeux «Certificat honorifique» pour «ses efforts dans la lutte antitabac et pour son combat personnel et médiatique». La dernière fois qu'on a croisé la route de notre nouveau saint patron de la prévention contre le tabagisme, il me semble bien qu'il avait fumé tel un pompier durant tout l'entretien.
Alors soit il a réussi un sevrage depuis octobre dernier à force de chanter «Soixante cigarettes dans la tronche/Chaque jour et ce depuis 40 ans/A côté de la couleur d'mes bronches/Un bérêt basque paraîtrait blanc» («Arrêter la clope!», extrait de son dernier disque, Rouge Sang), soit cette distinction («la plus haute» en la matière) de nos «Nations unies» de la santé n'est qu'une vaste fumisterie.
Quoi qu'il en soit, cette récompense au prétendu repenti de la nicotine fait sourire. Entré en chanson sur les barricades de 1968, cheveux longs, tenue de gavroche et mégot au bec, le libertaire poète et idole de toute une jeunesse rebelle-toxique avait opéré un retour triomphal il y a cinq ans en forme de «victoire sur l'alcool et la dépression». Mais ce nouveau rebondissement de salubrité publique du Docteur Renaud sur son maléfique double Mister Renard a dû nous échapper. Ça valait bien un rouleau de papier.