Amnéville

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La douce révolution du Phénix
Mar 15
Publié par Miss Plume / dans la boite Mails de phénix tour 172 jours. C’est le nombre de jours durant lesquels je me suis tue.
La plume n’est pas chose aisée. On sait qu’elle est là, qu’elle attend, qu’elle vit en nous, quelque part. On cohabite.  Parfois, elle se manifeste frénétiquement. Et parfois, elle est comme dans le coma. Pas morte, mais endormie, somnolente. C’est justement un « coma » qui m’a fait ranger cette plume durant 172 jours, où rien ne sortait. Les mots étaient enfouis.
Puis il suffit juste parfois d’un événement, d’un bonheur, d’une joie, d’une révélation pour que l’écriture et l’envie reviennent.
Pour certains, c’est 172 jours. Pour d’autres, ce sont dix années de silence. Reclus, dans la perdition, dans les vapeurs.  Jusqu’à ce qu’un événement…
Mon événement à moi, mon point de départ de la renaissance, c’est un Phénix qui me l’a fourni.
La soirée d’hier m’a donné l’une des plus grandes émotions de ma vie. Un flash-back, un moment de jeunesse et des images de ma vie « d’avant ».
Des années que je rêvais que ce moment arrive. Des mois que je regardais les billets de ce concert. Des minutes interminables en attendant que les lumières s’éteignent et que j’entende son souffle, sa voix, « dégueulasse » comme il la définit lui-même. « Rauque, caverneuse , comme disent les journaleux. Mais ils oublient généreuse, parce que je donne tout », dit-il.

Eh oui, bon sang, il donne tout. Comme un ancien malade, revenu d’une longue maladie, comme disent les consensuels, bouffée par l’alcool, sa voix susurre parfois, récite un peu, puis explose à d’autres moments.
Mais on s’en fout ! Pour qui aime Renaud, c’est être là qui compte. C’est l’apercevoir, le voir là, devant nous, droit sur ses guibolles, ressuscité. Et il sait, il est lucide. Il sait que ce sont les fidèles qui ont acheté son album, le dernier. Qu’il  n’a pas transporté les foules avec ses derniers textes, et que ce que les gens qui sont ici, réunis dans cette salle, veulent, ce sont les anciennes chansons.
Il sait qu’il nous a manqué, l’ami Renaud, le camarade, le frangin, l’ami, le confident à qui l’on voudrait raconter qu’on est malheureux aussi de voir le temps qui emporte avec lui le rire des enfants. Qu’on est aussi nostalgique que lui, qu’on lui ressemble. Qu’on aimerait, comme lui, tout casser et refaire un monde plus beau, plus tendre, moins con.

Il est de ces hommes qui fédèrent, qui rassemblent, qui font qu’on est pendant deux heures trente de tour de chant le même que son voisin, qu’on sait juste qu’on l’aime, notre Renaud. C’est le frère qu’on a perdu de vue durant quelques années, qui ne voulait plus nous voir, ne voulait plus la compromission d’un monde trop moche. Puis qui a fini par comprendre qu’il pouvait contribuer à le rendre, encore un petit moment, juste quelques heures et en quelques lignes, plus beau, moins difficile à vivre.
Renaud, c’est un Doliprane de la vie. Il soigne les maux, les fièvres, les nausées.
J’ai retrouvé hier soir, durant deux heures, mon enfance perdue depuis si longtemps et sur laquelle je pleure si souvent.
Il m’a offert le plus beau des cadeaux que l’on ne m’a jamais fait : il m’a fait voyager dans ma chambre d’enfant où, à genoux par terre, je collais mon oreille contre le haut-parleur de mon radio cassette et je l’écoutais, jusqu’à ce que la voix de ma mère retentisse pour appeler à table. J’ai ressenti le parfum de ma rue, le bruit des vieilles bagnoles, la télé géante de 36 cm et les talons de ma mère dans le couloir.
Renaud me fait cet effet-là, il me redonne mes moments de vie qui se sont échappés.
Lorsque ses premières notes ont retenti, chantant « Encore debout », j’ai compris qu’il revenait nous voir, non pas pour chanter ces chansons là, mais qu’il voulait nous retrouver une dernière fois, comme on retourne voir ses anciens potes quand on apprend qu’on ne va pas bien. Pour ne pas louper l’occasion de ce – peut-être- dernier rendez-vous.

Deux heures trente de chansons dont plus de deux heures de toutes ses vieilles chansons, de « Mistral gagnant » dont il dira qu’il ne comprend pas que les français l’aient élue chanson la plus aimée, alors que « c’est du pipi de chat par rapport à Brassens ». Il n’a même pas conscience de ce qu’elle véhicule  cette chanson…
Il nous chantera « En cloque », sa préférée, « « Manhattan Kaboul », « Morts les enfants» en nous disant qu’il pense aux gosses syriens qui crèvent dans l’indifférence sous les balles des militaires qu’il déteste toujours. Il a « embrassé un flic », mais « pas un militaire, ça jamais ! » et il chantera « La Médaille » , et tant d’autres, en finissant par trois rappels et un medley d’un quart d’heure dont il sortira en déployant des ailes et en devenant un Phénix splendide, dans une scénographie féérique
Il n’est pas mort Renaud, il est bien là, encore bien droit, la voix érayée, tremblotante parfois, plus forte lorsqu’il s’agit de chanter ses anciens succès. Il joue avec nous, il parle, on a l’impression de n’être qu’avec lui, d’être en train de parler avec le poto du bistrot d’en bas, avant de taper la belote…
Il chante la révolution, l’anarchie, le partage. Il chante l’amour, la nostalgie et la désillusion.

Hier, j’ai encore une fois été émue par lui, l’homme, le mec qu’il est, loin des considérations journalistiques, loin des jugements sur sa voix, loin de toutes les rumeurs sur son opportuniste retour alors qu’il prend des positions qui ne sont plus en accord avec ce qu’il fut.
Tout le monde a le droit de changer. Tout le monde a le droit de se rendre compte qu’à 65 balais tapés, on peut aussi se rendre compte que les idéaux de la vingtaine sont loin derrière. On a le droit de ne pas être jugé pour ça.
Et puis de s’en foutre aussi et de revenir, comme avant, chanter avec une révolutionnaire candeur.
Mon Renaud, mon frangin, mon poto. Si tu savais comme j’ai pleuré face à toi, hier, comme les émotions m’ont submergée de te savoir là, à quelques mètres de moi, de pouvoir dire « j’y étais ». Fière que ma gamine, ma « Lolita » à moi de dix ans, soit là et chante tes refrains. La relève est assurée, t’auras encore des fans longtemps. On va y veiller avec la tribu de tes fidèles.
T’es pas prêt de mourir, Mon Phénix. On te fera renaître, même dans vingt ans, même dans quarante. Les gosses d’hier te chanteront encore parce que ce ne sont pas des chansons que tu écris, ce sont des hymnes. C’est pas pour des gens que t’écris, c’est pour des Humains.
Intemporel Phénix. Je t’aime de toute ma Plume.

Source Miss Plume

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