Article - 24 heures

[PIERRE]

Renaud aligne ses «bobos»

CHANSON
Très amoureux et très en colère, le flingueur de Miss Maggie tire à tout va. Cible prioritaire, les «bourgeois bohèmes», soit à peu près tout le monde. Les crocs du goupil chatouillent sec mais mordent peu.

FRANÇOIS BARRAS
Publié le 28 septembre 2006

DR- TATATSIN!: Renaud Séchan , 54 ans. La gueule est burinée, ses chansons également: Rouge sang redécouvre le goupil mal léché qui, au moins, se félicite d’avoir «retrouvé son flingue». A défaut d’une inspiration à l’épreuve des balles…

Le Renaud 2006 est Rouge sang , pas moins. Un titre de combat pour un renard qui se veut à nouveau carnivore, se barde de peintures de guerre et annonce un carnage. Attention, Renaud est de retour et il n'est pas content. Va-t-il défourailler à nouveau contre les flics, les militaires, l'Etat français, le premier ministre anglais? Que nenni. En ouverture de l'album, et via un single qui tourne depuis quelques semaines, Renaud dégaine contre les gentils «bobos», entendez «bourgeois bohèmes», nouvelle classe simili-sociologique un tiers écolo, un tiers néolibérale, un tiers tout ce qu'on veut. Déception? Vrai qu'au regard du bonhomme, la chasse aux bobos paraît moins trépidante que ses combats passés.

L'ouvrir à nouveau

Les bobos, donc… Le fan sera au moins heureux de constater l'envie affichée par le fin renard de 54 ans d'en découdre à nouveau après des années de dèche. Clairement, aucun artiste de cette si problématique «variété française» n'a depuis trois décennies amassé un tel capital de sympathie auprès du vieux loubard comme du jeune banquier, et réciproquement. On aime le bonhomme parce qu'il ouvrait grand sa gueule dans un show-business reclus sur sa propre médiocrité. Le pote de Coluche pouvait tout se permettre et beaucoup lui était pardonné: cracher dans le calot des flics, envoyer bouler les télés et leur promo, même conchier l'Hexagone et «son roi des cons»! Puis s'exiler de longues années, avec bonheur sur son voilier ou, plus douloureusement, dans l'alcool: alors que les océans n'avaient pas avalé son trois mats, le pirate s'est noyé dans le pastis. Plaqué par sa Dominique, l'inoxydable à santiags devenait saule pleureur. Touchant mais souvent pénible, larmoyant, à l'image de Boucan d'enfer, le disque de son retour en 2002 et de sa tournée en forme de thérapie de groupe. Amoureux de Romane, on le retrouvait squattant les pires plateaux télé. Pour sa poupée, l'amoureux de Brassens paraissait avoir changé ses dents de loup pour des quenottes…

Houellebecq, 4X4 et Ikea

Les bobos, alors… Leur chasse donne aujourd'hui au goupil l'occasion d'aiguiser ses incisives. Une attaque plutôt inoffensive que Renaud remplit à moitié au sérieux: il crache son venin contre les consommateurs d'Ikea, de 4X4 et de Houellebecq et peint un tableau dans lequel chacun, un brin, se reconnaît – lui-même suppose au terme de la chanson «faire partie du lot». Son site internet propose d'ailleurs à chacun de contrôler son niveau de «boboïtude» à l'aune d'un questionnaire adéquat. Traquez le bobo qui sommeille en vous… Gaffe, un disque de Vincent Delerm plombe votre score! Pas vache, le chanteur s'est payé une série de clips avec Renaud où chacun brocarde l'autre. Bobo rigolo.

Les bobos, ainsi… Ils n'ont finalement jamais autant «officiellement» existé que depuis cette énumération pop de leurs caractéristiques. Dans une société où les bonnes vieilles classes à papa Marx paraissent aussi obsolètes que la bonne vieille gauche (caviar) à tonton Miterrand, la catégorie protéiforme du «salarié» soigne ses différences à travers ses habitudes d'achats – alimentaires, vestimentaires, culturels. Renaud les traque et les marie dans ce qui n'est pas loin de constituer le refrain le plus pauvre depuis Banana Split («les bobos, les bobos, les bobos, ad lib.»). Mais ça marche: fin nez, l'animal a senti la pertinence d'un concept vaporeux qu'il a saisi au vol, pariant à raison que tout vrai bobo, par nature cynique, achètera l'album entre deux disques de Delerm. Peut-être même en a-t-il élaboré l'idée ce soir de 1999, à la terrasse d'un bistrot du Cap Ferret (où les bobos de sa chanson passent leur été), lorsque le bobo soussigné eut l'avantage de dîner une table à côté du bobo Renaud. Mais c'est pas pour cafter.

Renaud, Rouge sang, EMI. Dès demain. Aussi, Les 100 plus belles chansons 1985-2006, compilation 5 CD, EMI.

Rouge sang, idées noires

F. B.


Un premier morceau, un tube. A la façon de Quand le vent soufflera sur l'album Morgane de toi , Les bobos de ce Rouge sang régatent déjà avec le succès des classiques. Mais la comparaison s'arrête là. En visant le marrant (les bobos), l'ultra général (en gros, les injustices in J'ai retrouvé mon flingue), l'anecdotique (la clope, si dure à arrêter), l'étonnant (la défense des paysans dans Pas de dimanches) voire le franchement grotesque (ceux qui disent du mal des blondes et, a fortiori, de sa gonzesse in Ma blonde), Renaud donne l'impression de radoter dans un monde devenu si complexe que même les nazillons vont écouter Johnny à la Fête de l'Huma (in Elle est facho, l’occasion d'une pique contre Sarko). Comme souvent depuis les années 80, Renaud «vaut» musicalement plus pour ses balades tendres que pour ses titres musclés - quatre secondes de l'affreux riff hardrock sous-AC/DC d'Arrêter la clope convaincront les réticents. Problème, le renard amoureux se mire dans l'eau de rose, et sa Romane n'est pas une muse du niveau de Yoko Ono: RS & RS offre une jolie mélodie mais Jusqu'au bout du monde sonne comme du Scorpion. Amoureux ou en colère, aucun état ne convient tout à fait à Renaud. Ou alors vraiment TRÈS amoureux: Je m'appelle Galilée met en métaphore et en orbite le désir puissamment exacerbé du Renaud sous les draps qui, enfin, décroche la lune.

http://www.24heures.ch/vqhome/le_journa ... on=ls.html

[Pierre de B.]

Ce qui me semble (aussi) étrange c'est qu'Isabelle Falconnier,
qui a pondu la critique parue dans l'Hebdo,
que je ne feuilleterai sans doute même plus par hasard à l'avenir,
se permette de tutoyer Renaud.

Quelqu'un sait-il si c'est une jeune midinette de 25 ans,
une bobos de 45 ans,
ou une préretraitée de 60 ans ?

Cela ne changera rien,
d'autant plus que me m'en fiche (de son âge).

Pierre

P.S. A part ça, ne fait pas des critiques assassines qui veut;
Pascal Gavillet de la Tribune de Genève ou je ne sais plus qui concernant
(je ne veux pas faier de mal à ses adminrateurs, trices;
je l'appelerai donc XY);
or donc "Dire que XY est nul(le) n'est pas un outrage,
c'est un diagnostic"
sont beaucoup plus doués que toi Isabelle ...

[jpeg]

bah oui être sérieux c'est aimer Renaud... C'est vrai que c'est comme ça qu'on reconnait les vrais journaux sérieux...

[Lucyanne]

bah oui être sérieux c'est aimer Renaud... C'est vrai que c'est comme ça qu'on reconnait les vrais journaux sérieux...

[Peps]

bah oui être sérieux c'est aimer Renaud... C'est vrai que c'est comme ça qu'on reconnait les vrais journaux sérieux...

Des fois je l'aime bien, ce jpeg

[vincent]

Moi je pense que tout le monde ferait mieux de la fermer jusqu'au 2 octobre. On ne peut pas critiquer un disque qui n'est pas encore sorti.
Ce qui me fait marrer, ce sont les critiques sur la chanson Les Bobos. Ce n'est qu'une chanson qui critique légèrement les bobos. D'ailleurs, si elle a été vendue en single, c'est parce qu'elle n'est pas trop acide, qu'elle plaira à pas mal de monde et donc que pas mal de monde achètera le disque de Renaud. Elle sert d'appât en fait.
Alors les journalistes, fermez-la ! On ne parle pas de quelque chose qu'on ne connaît pas !

[Peps]

Vincent, je voudrais pas avoir l'air de te brusquer, mais en fait les journalistes reçoivent les disques avant leur sortie pour pouvoir les écouter avant de faire leur critique.

Mais bon, ça veut pas dire qu'ils sont pas de mauvaise foi, hein.