Article - Le Figaro du 03/10

Votre avis, vos critiques, vos réflexions... (sortie de l'album le 2 octobre 2006)

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alpha
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Message par alpha »

...merci, Germaine... :wink:
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Tousse pour un, rhume pour tousses.
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La bande des modos
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Message par La bande des modos »

Renaud : «Je ne veux pas plaire à tout le monde»

Bertrand Dicale. Publié le 03 octobre 2006

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«C'est la première fois que je joue avec les mots à la façon d'un Queneau ou d'un Pérec», confie Renaud.
(DR.).


Son nouvel album, «Rouge sang», a été précédé d'un peu de polémique. Mais, artistiquement comme dans sa propre vie, il affiche sa bonne santé.

«Tout se passe pour le mieux. Je suis heureux, amoureux, en parfaite santé – c'en est indécent.» Ce jour-là, Renaud est à la table portant la plaque de Jean-Edern Hallier, à La Closerie des Lilas, et il affiche mieux que le bien-être de l'époque de Boucan d'enfer. Il sort Rouge sang (chez Virgin-EMI), nouvel album franchement meilleur que celui qui a vu sa résurrection en 2002, et il peut étaler les motifs de bonheur : son mariage avec la chanteuse Romane Serda, la naissance, le 14 juillet dernier, de son fils Malone, 500 000 exemplaires de son nouvel album en précommande, une tournée prévue à partir du 23 février 2007 (jour anniversaire de l'enlèvement d'Ingrid Betancourt en Colombie) avec au moins trois Bercy...

Il est fier de montrer le livret de 84 pages qui accompagne l'édition limitée de Rouge sang : le dessinateur Killofer («un génie, le nouveau Tardi») a dessiné une histoire qui court le long des vingt-quatre textes de chansons. Vingt-quatre ? Eh oui, l'album contient dix-sept chansons mais sa version limitée (à 200 000 exemplaires, toutefois) est un double-CD avec quelques chansons en plus : «Dans la téloche, où je m'en prends à la téléréalité, Filles de joie, où je me fiche des bimbos qui nous exposent leur silicone et leurs strings à longueur d'antenne, Pondichéry sur les inégalités Nord-Sud, la surconsommation, la misère de la planète...».

Une écriture rugueuse et narquoise

Renaud est pleinement revenu à la chanson : «J'avais mis sept ans à écrire péniblement les quatorze chansons de Boucan d'enfer, bizarrement le plus gros succès de ventes de ma carrière alors que, ni pour moi ni pour mes fans, ce n'était mon meilleur album – et de loin ! Je me disais qu'en trente ans de carrière, j'avais traité tous les thèmes possibles et là, en un an, j'ai fait vingt-huit chansons pour moi et quinze pour mon épouse. Et aucune ne ressemble à une autre. J'ai même fait ma première chanson érotique, Je m'appelle Galilée, d'une écriture très classique, en alexandrins, ou Danser à Rome, qui est la première fois que je joue avec les mots à la façon d'un Queneau ou d'un Pérec...»

Renaud célèbre ses noces en chantant les anagrammes du nom de Romane Serda dans Danser à Rome, astucieuse et légère chanson qui, par contraste, souligne combien son écriture est restée rugueuse et narquoise, avec sa façon si personnelle de mêler le trivial et l'ébénisterie, le baiser et la savate, la poésie et l'éditorial. Ainsi avec Les Bobos, chanson présente depuis des semaines sur les radios : «Ce n'est pas la chanson que je préfère. La maison de disques la trouvait la plus efficace pour faire la promotion de ce disque. C'est une chronique sociale : je me ris du conformisme de codes culturels et de comportements de plus en plus répandus. Or, je lis partout que cette chanson est un brûlot contre les bobos, que j'y exprime ma haine des bobos... Mais je dis moi-même à la fin de la chanson que je suis un bobo !»

De la compassion

Il est toujours prêt à croiser le fer, à se jeter dans la polémique. Et il est servi : «Qu'est-ce que je dérouille, de Libé à Minute ! C'est bon signe. Moi qui ne voulais pas plaire à tout le monde, j'ai gagné la moitié de mon pari.» La chanson Elle est facho, portrait «d'une électrice lambda du Front national» est ainsi entrée dans le débat préprésidentiel avec trois mots glissés à la coda : «Elle vote Sarko.» Manichéisme ? L'ancien «chanteur énervant» s'en défend : «Ça fait une polémique sans nom : Renaud a traité Sarko de facho, Renaud est fâché avec Johnny ! Hallucinant. La chanson ne parle pas de ça ; seulement, elle finit par un petit croche-pied à Sarkozy, évoquant l'éventualité, voire la certitude, qu'une électrice du Front national va voter Sarko au second tour. Je n'ai plus seize ans, j'ai plus d'arguments politiques et philosophiques à lui opposer que «Sarko-facho». D'ailleurs, Elle est facho est loin de la violence forcenée qu'on a connue à Renaud : «Il y a vingt ans, j'aurais été plus manichéen, plus caustique, plus haineux. Là, il y a de la compassion parce que c'est une femme, victime de la société dans laquelle elle vit, de la télévision, du discours d'un tribun qui sait manipuler les foules et les âmes perdues.»

Ce n'est certes pas le ton de l'historique Hexagone, en 1975 – «Si l'roi des cons perdait son trône/ Y'aurait 50 millions de prétendants.» Aujourd'hui, le chanteur regrette d'en avoir perdu le brouillon, qui aurait pu figurer dans Les Manuscrits de Renaud, que publient les éditions Textuel (sous la direction de Jacques Erwann) dans la même collection que Brassens, Gainsbourg et Nougaro. Signe que, plus qu'un héros de polémique, Renaud est devenu une référence de la chanson française, ses cadets Bénabar, Grand Corps Malade ou Jamait le citant volontiers comme une influence décisive. Il admirait Georges Brassens, Hugues Aufray et Graeme Allwright et, maintenant, «l'élève est devenu prof». Comment le prendrait-il mal ? Son album est potentiellement disque de platine depuis hier, jour de sa sortie. Il a un tout jeune fils. On le voit moins souvent à La Closerie.



Des publicités avec Vincent Delerm

B. D. Publié le 03 octobre 2006

Vincent Delerm écoute le premier couplet des Bobos– celui dans lequel Renaud parle de ses chansons. Puis, faussement naïf, il se tourne vers Renaud : «Et ça, ça va sortir dans le commerce ?»

Renaud écoute le premier couplet de Sous les avalanches, le nouveau single de Delerm. À la fin, il regarde son cadet avec un brin de condescendance : «Tu te rends compte qu'à ton âge, j'avais déjà écrit Laisse béton et Dans mon HLM ?» Des spots comme celui-ci, on peut en voir quelques autres à la télévision et sur Internet : Renaud et Vincent Delerm sortent leurs albums Rouge sang et Les Piqûres d'araignée à une semaine d'intervalle et ils assurent des publicités croisées, exercices délicieux de démolition mutuelle. Cette première dans le show business français est d'autant plus remarquable qu'ils appartiennent à des maisons de disques rivales (Virgin-EMI pour Renaud, Tôt ou Tard-Warner pour Delerm). Mais les deux chanteurs se sont beaucoup amusés.
En ce moment, vous êtes débordés et vous avez la tête sous l’eau ? Faîtes-vous du bien, vous murmurent les bonobos.
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