Article / Interview - La TdG - Renaud, le quinqua requinqué

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distantship
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Renaud, le quinqua requinqué

La chetron sauvage revient avec un album «Rouge sang». Rencontre entre deux taffes.

Lionel chiuch
Publié le 14 octobre 2006, La Tribune de Genève


Deux blondes se partagent la vie de Renaud. La première, Romane, lui a fait un petit Malone. La seconde se déplace par paquets de vingt et dégage d'amples volutes tandis que le chanteur s'emporte contre les méfaits du tabac.

Question palmarès, c'est la blonde Romane qui arrive en tête sur Rouge Sang, le nouveau CD du chanteur, avec pas moins de cinq titres qui lui sont consacrés. «J'ai lu que j'ai écrit trop de chansons pour ma Romane, constate Renaud.
Danser à Rome, Je m'appelle Galilée ou encore Ma blonde, une chanson totalement faux-cul où j'ai voulu faire marrer en laissant croire que j'étais vexé par les blagues sur les blondes. J'en ai rien à foutre qu'elle soit brune, rousse ou blonde. C'est ce qu'il y a sous les cheveux qui m'intéresse. J'ai lu aussi que mes chansons d'amour étaient neuneus, pleines d'acné. Ben, j'aurais bien aimé, à 16 ans, écrire RS et RS ou Galilée…»

Pour la blonde à bout filtre, en revanche, la tendresse laisse place à la révolte dans Arrêtez la clope!. «Les cigarettes, c'est le paradoxe suprême, avoue Renaud. Je suis un ayatollah antitabac parce que j'en suis esclave et victime. Victime de la puissance du lobby du tabac, des criminels qui nous ont pourris de publicité et qui corrompent des acteurs célèbres pour faire des scènes suggestives avec des clopes au bec.»

En rogne, Renaud. Du coup, on est un poil surpris quand on reçoit les photos de promotion et que, sur toutes, le chanteur s'affiche avec une cigarette. Ces contradictions, qui en irritent certains, sont pourtant à prendre comme le gage d'une sincérité réelle.

Elles correspondent à cette part d'enfance, cette «spontanéité», que Renaud n'a jamais cessé de revendiquer. «On ne se remet jamais de son enfance, relève-t-il. La mienne fut douce comme du miel. Je ne suis pas passéiste, mais c'est un royaume dans lequel je me suis épanoui et que je vais revivre avec mon fils. J'aime la naïveté, l'innocence, l'insouciance de l'enfance. En même temps, les mômes, y'a rien de plus cruels. Mais c'est jamais calculé…»

Rien de prémédité non plus dans les colères de Renaud. «C'est un reproche qu'on me fait, ce côté naïf, enfantin, dans mes écrits. Je suis plutôt heureux de réagir comme un enfant devant la barbarie du monde. On me qualifie parfois de soixante-huitard attardé. C'est vrai que la jeunesse de l'époque contestait contre la société de consommation alors que celle d'aujourd'hui conteste pour y accéder.»

Autre temps, autres mœurs, et pour relier les deux, la litanie des années. «J'adore la vieillesse, parce que c'est le but à atteindre, c'est un antidote contre la mort, constate Renaud. Mon idéal de vie, c'est de mourir à cent ans, et pas comme Coluche à quarante. Plus je vieillis, plus c'est ça de gagné. En même temps, le temps qui passe, les souvenirs qui s'éloignent, les rides…»

Presse de gauche critique

Et les Putain de cheveux blancs? «Non, ça, j'assume à mort, poursuit-il. J'ai dit à une époque que je n'étais pas fait pour le bonheur. En fait, j'aime la vie au-delà de tout. Ma théorie, c'est plutôt: «Qui aime la vie, aime la pluie.» C'est vrai que quand je suis heureux, je le vis mal, parce que je suis persuadé que le malheur va me tomber sur la gueule. Je suis un peu torturé. Et hyperparanoïaque: j'ai peur de la maladie, de la mort. Je suis hypocondriaque au dernier degré. J'ai hérité ça de mon père. Il est mort à 96 ans, en bonne santé, mais on aurait pu mettre sur sa tombe: «Je vous avais bien dit que j'étais malade». Ma fille, pareil: quand elle a un rhume, c'est un cancer du nez…»

Comme souvent, la presse de gauche n'a pas fait de cadeau à celui qui fut un inoubliable Lantier dans Germinal. «Ils ont pris la chanson Les Bobos - dont j'avoue faire un peu partie - comme un brûlot contre eux, note le chanteur. J'ai juste dressé le portrait d'une classe sociale de plus en plus large. Libération en a fait une parodie: Renaud, bobo, alcoolo, clodo. La hauteur de leur critique me laisse pantois.»

Quand l’amour régit Renaud

Après avoir dirigé son flingue contre lui dans Boucan d'enfer, Renaud change de cible avec Rouge Sang (dist. EMI). S'il balance des pétards sur les Bobos et sur la foule Sentimentale, mon cul!, charriant avec humour les faux bohèmes et les masses aveugles, c'est un autre calibre qu'il réserve aux électeurs fachos (en égratignant Sarko au passage), aux «évangélistes timbrés» et à Bush.
On retrouve alors le Renaud d'Hexagone, celui des indignations fécondes, même si le chanteur a bien conscience de «s'attaquer aux moulins à vent/De l'injustice/De la misère». Mais Mister Renaud sait aussi rengainer son flingue pour mettre l'amour en rimes (Jusqu'à la fin du monde), évoquer ses parents (superbe Nos vieux) ou se fendre d'un magnifique texte sur le suicide (Elsa). Et si la voix peine parfois, le cœur, lui, est gros comme ça.

http://www.tdg.ch/tghome/toute_l_info_t ... 4_10_.html
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