Entretien dans L'Express (Suisse) du 14/10

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Trudo
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Entretien dans L'Express (Suisse) du 14/10

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http://www.lexpress.ch/journal/culture/art_141308.php

14/10/2006
CHANSON
«Le Renard est mort»

Libéré de son double maléfique, Docteur Renaud est de retour, tendre et en colère, comme on l'aime. Un homme heureux, même si la «presse parisienne bobo» assassine son nouvel album

«Plus heureux que ça, tu meurs!» Renaud est en forme, il n'aurait même pas besoin de le dire, ça se voit. L'amour et l'inspiration retrouvés, ses démons alcoolisés domptés, le public fidèle, tout baigne. Les images du journal télévisé qu'il vient de voir et les attaques de certaines publications contre son nouveau disque, «Rouge sang», mais aussi contre sa personnalité, entament seules sa belle humeur. Entretien sans langue de bois avec un homme infiniment touchant.
Trente ans de carrière. «J'ai le sentiment d'avoir fait honnêtement mon boulot, toujours plus attaché au désir de plaire que de vendre, d'avoir fait des erreurs comme tout le monde. J'ai connu des immenses bonheurs, j'ai pris des coups dans la gueule, je les ai rendus parfois. J'ai eu à la fois l'amour des gens et le succès commercial, artistique, j'ai connu des excès d'honneur et des excès d'indignité...»

Comme à 15 ans. «J'ai gardé une âme d'enfant, une âme rebelle, totalement réfractaire à l'injustice, à la misère, à l'oppression. J'ai convenu à 15 ans que ce monde me plaisait par certains côtés et qu'il me déplaisait par d'autres. J'ai convenu de le juger, de l'écrire, de le décrire et de le critiquer dans mes chansonnettes. Je suis resté fidèle à ça, donc je suis resté moi-même. Je suis protestant - celui qui proteste - et je ne m'accommode pas de ce monde barbare, de la torture, de l'homophobie, du racisme, de l'antisémitisme, du trop grand écart entre les plus pauvres et les plus riches...»

Des chiens sur un os. «La presse bobo de gauche parisienne - «Le Nouvel Observateur», «Les Inrockuptibles», «Libération» - m'assassine. Ils sont comme des chiens sur un os à ronger. Ils voient peut-être dans mon acharnement à crier mes colères la preuve de leur propre renoncement, ils me reprochent d'être encore ce qu'ils ne sont plus... Apparemment, certains journalistes me préféraient malheureux. Ils ont écrit des louanges excessives sur «Boucan d'enfer» et aujourd'hui ils cognent de manière excessive aussi sur «Rouge sang». Mais comme disait je ne sais plus qui, les coupures de presse sont des blessures qui cicatrisent très vite.»

Petites chansons colère. «Je ne pense pas que ce soient de grandes chansons, parce qu'on est obligé d'utiliser des mots pas jolis comme Bush, Guantanamo, nucléaire, corrida. Les mots d'amour font des chansons qui durent plus longtemps; elles sont plus agréables à écrire et à chanter.»

Jusqu'à l'impudeur. «J'ai délibérément choisi de me livrer intégralement dans mes chansons, de livrer ma vie familiale, ma vie amoureuse. Si un jour on fait le bilan de mon répertoire, on verra que c'est une chronique de mon parcours sentimental, et parallèlement d'une vie citoyenne, engagée. J'ai choisi de dire ma vérité jusqu'à une impudeur totale. Dans la dernière chanson de l'album (réd: «Je m'appelle Galilée»), non content de chanter ce qui se passe dans mon coeur, dans ma tête, dans mes tripes, je raconte ce qui se passe dans mon lit! Le protestant puritain qui sommeille en moi a été un peu choqué (rires)... Romane aussi!»

Renaud et Renard. «Il est mort et enterré, le Renard, sauf que je continue à penser que personne n'est tout noir ou tout blanc. Contrairement à l'image que je peux donner à certains, il m'arrive d'être cruel en colère, pochtron, minable, bête et méchant. Mais j'espère que c'est l'aspect minoritaire de ma personnalité.»

Un homme heureux. «Plus heureux que ça, tu meurs, ce serait indécent! Dire que je ne le suis pas, ce serait indécent aussi. Déjà quand je me lève le matin et qu'il fait jour, que l'hiver nucléaire ne s'est pas répandu sur la planète, je suis heureux... Quand je suis trop heureux, je m'inquiète grave. Je suis un être fondamentalement paranoïaque, un perpétuel inquiet, hypocondriaque. Bon, je suis un esprit un peu torturé, mais globalement très heureux.»

Malone, 3 mois le 14 octobre. «Ses sourires illuminent ma vie plus que tout au monde. Il est du 14 juillet; ben oui, le fils de Renaud est obligé d'être un petit révolutionnaire, ou tout au moins un vrai petit républicain! Il va très bien, la maman aussi, même si les nuits sont courtes. Toutes les deux heures, il faut qu'il aille s'abreuver à la plus belle laiterie du monde, au sein de sa mère. Je suis jaloux: j'aimerais être à la place à lui et à sa place à elle.» / MGI-Le Nouvelliste

«Rouge sang», Virgin /EMI. En concert le 29 mai 2007 à Genève (Arena); location TicketCorner, Fnac

Manuela Giroud




Johnny fâché

Renaud a fâché tout rouge Johnny Hallyday, «qui était un pote, pas un ami, contrairement à ce qu'il prétend». Il faut dire que le Goupil a passablement chambré l'idole sur son soutien à Nicolas Sarkozy. Quand celui-ci refuse de commenter son appui, Renaud lâche: «Soit il n'a pas d'idées, soit il ne sait pas les défendre.» Ou, agacé de le voir s'afficher avec le politicien: «Johnny, c'est comme Coluche disait de Mireille Mathieu: il n'est pas de gauche, il n'est pas de droite, il est là où on le pose...» Ou encore, le jour où Doc Gynéco a rejoint le camp des Sarko-fans: «Johnny, c'est l'idole des vieux, Doc Gynéco, c'est l'idole de rien.» «C'était juste un bon mot pour faire marrer, commente Renaud. Je ne voulais pas blesser Johnny, si je l'ai fait je m'en excuse, je n'aime pas blesser les gens.»

Ma voix pour qui

Renaud n'a pas encore trouvé son candidat idéal à la présidentielle française de 2007. «Apparemment, il n'y est pas.» Il pense voter écologiste au premier tour, et pour le candidat de gauche au second, même s'il s'agit de Ségolène Royal. «Je ne l'aime pas, je n'aime pas la vacuité de son programme, je n'aime pas les propos démago, populistes, racoleurs qu'elle peut tenir. Je voterai pour Ségolène si elle est là, pour faire barrage à Sarkozy.» / mgi


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Renaud est en forme, les attaques contre son nouvel album n'altèrent pas sa belle humeur.

;)
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