J'ai à mon tour également tout lu de ce topic. Je n'ai peut-être pas tout retenu dans les détails parce que c'est assez long, mais le sujet m'interpelle énormément. Déjà, que Bornx ne soit végan que depuis quelques mois, ou qu'il ne le sera plus demain est pour moi sans importance. Ce qui est très intéressant, et plutôt bien réussi, c'est qu'il vienne ici, avec ses convictions toutes fraîches, sensibiliser les esprits sur la cause animale. Chacun en fait ensuite ce qu'il veut, chacun en viendra à se questionner, ou pas. On peut ne pas être d'accord avec tout de la philosophie végane, mais la vérité qui troue les fesses, c'est qu'aucun consommateur d'animal ne pourra jamais se défendre d'être complice de l'exploitation et de la mise à mort animalière.
Un végan convaincu pensera sûrement que si cette prise de conscience n'est pas suivie d'effet, c'est du flan (sans lait et sans œuf pour le coup
), mais pour bon nombre d'omnivores comme moi, les choses ne sont pas si simples que ça : nous coinçons sérieusement sur cette question qui nous renvoie à notre conscience et nous plante là, face à ces paradoxes dont nous sommes gorgés, et qui font de nous d'incompréhensibles êtres humains.
Sophie insiste assez dans ses commentaires sur la présence de l'affectif dans nos comportements, et c'est une idée que je partage beaucoup. L'alimentation est pour moi également un lieu où dominent fortement les émotions, et ce n'est pas évident de comprendre ce tordu désir alimentaire qui est en nous, et qui consiste à faire du mal pour nous faire du bien. Manger des animaux n'est bien sûr pas inhérent à notre nature, mais il n'en est pas de même du plaisir que nous avons à le faire. Que l'homme consomme ainsi de l'animal "juste par plaisir", "par pur égoïsme" comme tu t'en désoles légitimement, Bornx, je ne dis pas que ce n'est pas une vérité, mais dans ce seul raccourci, c'est une vérité que je trouve "sommaire", trop expéditive, mais également inefficace dans le débat car elle tend davantage à culpabiliser le consommateur d'animal plutôt qu'à le responsabiliser afin qu'il comprenne son rôle et agisse en conséquence. Il ne faut pas ignorer que le plaisir et l'égoïsme sont inhérents à l'être humain, et ce n'est ainsi pas "JUSTE" par plaisir qu'il agit, mais "PARCE" qu'il est un être de désir et de plaisir. L'homme n'a malheureusement pas non plus une maîtrise impeccable de sa volonté, si bien qu'avoir conscience du "bien" et du "mal" ne lui suffit pas toujours pour se corriger spontanément dans ses comportements (sa conscience n'étant de loin pas maître de tout son être).
La fin du documentaire d'Envoyé Spécial est assez démonstratrice de l'influence de notre culture alimentaire, et montre bien que l'indignation ne mène pas spontanément à l'écœurement : tout ce qu'aura vu et vécu le journaliste durant 45 jours n'aura finalement pas épargné la belle côte de bœuf grillée à point qu'il s'est enfilée à la fin du reportage. Comme Silence Noir est parvenue à adopter le végétarisme par une "progression en douceur", je pense qu'un cheminement de réflexions personnelles, en douceur et en profondeur, peut mener vers le végétarisme, le végétalisme, ou le véganisme, ou vers une consommation plus "morale", ou peut-être vers rien du tout pour certains. Mais en tout cas, la lumière qui est faite aujourd'hui sur les conditions d'exploitation des animaux contribue je pense beaucoup à ces réflexions, l'information est essentielle, et on ne peut que l'espérer de plus en plus présente dans notre quotidien, parce qu'il faut bien le reconnaître : l'industrie agroalimentaire de ces 60 dernières années est sournoisement et incroyablement parvenue à désensibiliser l'homme de l'animal.
Avec optimisme, je me dis aussi que, depuis la nuit des temps, l'homme change par ses évolutions, et dans l'histoire de l'humanité, nos comportements vis-à-vis des animaux connaîtront d'autres mutations, moins cruelles, probablement pas par seul souci de l'espèce animale, mais par instinct de préservation de l'espèce humaine, menacée par l'homme lui-même en raison de ses nocifs excès de production. Par égoïsme, finalement.