L'Assemblée Nationale

[Aïdos]

C'est pas une honte que de savoir plus que d'autres. C'est le fruit d'un travail assidu, laborieux.
L'assumer permet aussi de transmettre, d'éclairer.

C'est un des plus grands drames actuels, que les intellectuels ne montent plus "au front".
C'est leur boulot que de nous éclairer, nous protéger contre l'asservissement.


Et oui je pense que des hommes politiques peuvent être bons.

Il est hors de question de les admirer.
Juste de leur reconnaître leur sens de la justice.

[lucien]

La justice, je ne sais pas...mais j'ai regardé il y a un moment une conférence de Debray sur "communiquer...transmettre".
Il me semble que j'en suis ressorti un peu moins con (même si ça se voit pas trop, j'avoue).

Sinon, dilemme: Lou Reed, qui était un poète autant qu'un chanteur, disait que dans ses écrits, il évitait les mots trop marqués temporellement (argot, etc.)...afin que ses poèmes puissent être lus et gardent leur sens à n'importe quelle période. C'était sa définition de la poésie...mais dans ce cas, les artistes ne peuvent pas s'engager dans des combats "sociétaux" (mis à part les enfoirés, bien sur!).
Je ne sais pas quoi en penser.. le rôle des artistes...

[Aïdos]

Je pense que si un mot est le bon, c'est à dire "connecté" à une sorte de tout gigantesque qu'est une oeuvre de l'esprit, il aura le même écho dans des siècles, qu'il y soit encore usité ou pas.

Si tu lis Molière, tout y est "daté", langage, moeurs décrites, etc..
Et pourtant tu le transposes immédiatement et spontanément à notre époque tant la critique fait encore sens aujourd'hui.

[lucien]

C'est un point de vue... qui n'est pas le mien. Rien que la versification me fait chier.

Et ça ne nous avance pas plus sur le rôle actuel de l'artiste dans les problèmes sociaux. Ce qu'il y a de sur, c'est qu'avec un peu de curiosité, on peut tomber sur "la sociologie est un sport de combat" (qui, par ailleurs, traite de tout cela...).

Je suis, comme toi, pour le partage des connaissances. Et je ne rejette pas en bloc celle ci parce qu'elle vient "d'en haut"....

[Born X]

le hic n'est pas que les connaissances ou le savoir viennent "d'en haut", le hic c'est que l'on positionne des individus "en haut" (ou qu'ils s'y positionnent eux mêmes et qu'on les y laisse).
Celui qui sait en apprend autant en transmettant son savoir à celui qui ne sait pas que celui qui ne sait pas.
(confucius ou mon senseï en aïkido voir moi un soir de lucidité insomniaque ou alcoolisée)
Bref il n'y a pas d'élite... juste des individus qui savent des choses que d'autres ne savent pas.
Et celui qui sait (décidément) s'il se contente de parler quand il transmet sans écouter celui qui ne sait pas est juste un despote... ou un égo centrique.

[lucien]

Ce qui est sur, c'est qu'on est en manque "d'idéologie"... Et que ce serait le rôle des intellectuels (mettons ceux qui font métier de penser) de nous éclairer sur pas mal de points.
La, par exemple, les jeunes des banlieues se révoltent contre...tout, c'est à dire rien.

[Aïdos]

Et que ce serait le rôle des intellectuels (mettons ceux qui font métier de penser) de nous éclairer sur pas mal de points.

Tout à fait.

Quand on voit que les BHelkraut sont systématiquement favorables au gouvernement et pro-guerre, on se dit qu'on est vraiment dans la merde.

[Born X]

La, par exemple, les jeunes des banlieues se révoltent contre...tout, c'est à dire rien.

D'un autre côté nous aussi quand on étaient jeunes on se révoltaient contre tout, sans trop être en mesure de dire pourquoi. Nous aussi on savait ce qu'on aimait pas mais on savait pas ce qu'on aimait.
Le sagesse commence à venir quand tu ne bat plus "contre" quelque chose mais "pour" quelque chose.
Et ça hélas c'est pas beaucoup de monde qui le fait.
Regarde les manifs... c'est dans 99% des cas des manifs "contre".
Et les rares individus en mesure de faire prendre conscience sont soit récupérés (une fois qu'ils sont mort, parce que de leur vivant ils étaient rangés dans une case dont je parlerai plus tard) soit idolatrés (et dans ce cas ce n'est pas leurs propos qui comptent aux yeux des individus mais uniquement leur personne) soit catalogués (et donc par le fait réduit à une infime portion d'individus pouvant les entendre... c'est de cette case dont je parlait tout à l'heure).

[lucien]

Je crois que je suis plus âgé que toi... je savais contre quoi je me battais...


J'étais militant et je savais pourquoi.

[Born X]

Ouais disons que je suis de la jeunesse qui avait tendance à penser comme ça. Mais quand je me remémore les "plus grand" (en gros ceux qui avaient 20-22 ans... ce qui peut paraitre peux niveau différence d'âge mais quand toi t'as 15-16 piges les mecs qui en ont 5 ou 7 de plus que toi c'est carrément une génération d'écart) je me dit qu'ils étaient en grand nombre comme ça également.
Et que les "jeunes" actuels sont pas si différent de ça non plus.
Des jeunes qui savent pourquoi ils se battent, qu'on une cohérence, une analyse, qui s'investissent dans des luttes logiques et constructrices t'en trouvera toujours, dans chaque période... mais ça reste toujours une minorité.
En tout cas pour moi quand je regarde en arrière c'est comme ça depuis les années 50 d'une façon ouverte et depuis le début du 20ème siècle d'une façon plus "cachée" mais pourtant existante.
La jeunesse "rebel without a cause" c'est très ancien en fait.
Et c'est pas parce que y'a pas d'individus pour leur montrer la vacuité du combat sans but... c'est juste que l'énergie qui part dans tous les sens sans but réel c'est propre à la jeunesse.
Et limite j'ai envie de dire "tant mieux"... parce que moi le mec de 16 ou 18 piges qui me sort un discours carré, construit avec références historiques et exemples concrets mais limite je flippe.
A 16 ans t'emmerde les politiques parce que c'est des vieux cons.
C'est à 25-30 ans que tu te dit que l'arnaque elle est bien plus perfide que ça, que si c'est toujours les mêmes tronches issus des mêmes cercles qui font toujours les mêmes carottes c'est pas un hasard.
Et à 40 t'as réussit à analyser le pourquoi du comment...

[lucien]

Mes parents étaient des 68ards soft (mon père délégué CFDT, tu vois un peu...). J'étais pas majeur en 81, mais je me souviens de leur vrai bonheur....
Contre cette yannquibade généralisée, je me suis mis à militer (on était plus proches d' AD que du PCF, si tu vois ce que je veux dire...). Quant à mes potes, ils étaient généralement assez politisés, mais les choses étaient plus simples: d'abord moins d'infos qui te tombent de partout, moins de partis (en gros, t'étais à gauche pour Mitterrand, ou le PC, ou à droite pour VGE).
Mais les discussions étaient souvent politiques, même entre nous, quand on était pas occupés à apprendre comment c'était, une paire de seins.
On y croyait... les luttes sociales, les rapports de forces... ça a duré à peu près jusqu'à mon entrée en Fac.
Après, j'ai l'impression que les choses se sont dissipées, malgré qqs événements marquants.
De mon côté, j'ai arrêté le militantisme, pour différentes raisons (qui intéressent personne, mais que je suis sur que tu comprendrais, Born...).
Plus d'idéologie ni d'espoir... Mitterrand a pété la gauche avec les espérances qui allaient avec...et pas même de religion pour te faire croire à un monde meilleur.

C'est depuis que ma chanson préférée (enfin, une de mes...) est "no futur".