Le sort des amérindiens

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Sophie du moulin
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Le sort des amérindiens

Message par Sophie du moulin »

Comme Renaud avait pris fait et cause pour Léonard Peltier, je me dis que cela vous intéresse peut-être de savoir ce que deviennent les amérindiens. J'avais vu un reportage il y a une bonne dizaine d'années et c'est effarant de voir que rien ne s'arrange pour eux. :/ Je ne savais pas qu'ils subissaient toujours d'un racisme prononcé. :rougefaché:
https://www.rtbf.be/auvio/detail_tendan ... isciFT1ooc
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Jeep
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Jeep »

J'étais persuadé avoir posté ça ici, mais non c'est sur un des autres forums où je passe de temps en temps.
C'est une copie de mon message lors d'un débat (fin 2020) sur les Sioux Oglalas à Pine Ridge :
J'ai fait de multiples longs séjours aux Etats-Unis dans les années 90.
J'ai vu le luxe insensé en Californie ou en Floride.
J'ai vu aussi des lieux sordides dans des quartiers de la Nouvelle-Orléans ou près d'Atlanta ou de Philadelphie. Ou à Baltimore.
Des endroits où je me suis perdu en auto ou en métro et où il ne faut jamais aller pour sa sécurité (South Central à Los Angeles, le centre délabré de Miami, le Bronx à New York (en 1991 ça ressemblait à une ville après la guerre)).
La misère chez les indiens Navajos, dans leur réserve, ou en dehors à Gallup dans le Nouveau-Mexique. Et chez d'autres tribus "Pueblos" dans le même état.

Mais rien d'aussi terrifiant que ce que j'ai vu à Pine Ridge.
C'était en 1994. Une ville de taudis avec de pauvres erres affalés et démolis par l'alcool et les drogues.
Une simple traversée de la ville qui était sur mon trajet.
Le pire souvenir de cette quarantaine d'états traversés en dix ans et ces dizaines de milliers de kilomètres avalés sur les autoroutes et les chemins de terre éloignés de tout.
De la ville lumière qui ne dort jamais à ces bidonvilles Sioux où il ne restait plus grand chose ressemblant à l'humanité.

(je viens de jeter un oeil sur Google Maps pour voir à quoi ça ressemble 25 ans après, et les habitations paraissent décentes maintenant. Quant à l'état de santé ou social de ceux qui y vivent...la consomation d'opiacés y est bien supérieure à la moyenne nationale (la mortalité causée par ces opiacés aussi). Avec un énorme scandale en cours : https://www.vice.com/en/article/889deg/how-a-pharma-giant-flooded-the-stand… )
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Jeep
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Jeep »

Second message :
Cette réserve de Pine Ridge est accablée de tragédies depuis le XIXème siècle.
Le nom du site sacré de Wounded Knee revient à plusieurs reprises.
Wounded Knee est à une vingtaine de kilomètres de la ville de Pine Ridge.
En 1890 l'armée américaine y a massacré plus de 300 Sioux, hommes, femmes et enfants sans distinction. Jetés ensuite dans une fosse commune. Cette tragédie est l'ultime épisode des siècles de guerre (ou génocide ?) entre les occidentaux et les premières nations nord-américaines.
(le site est sur une petite colline, un cimetière avec un monument. En 1994 je n'ai pas pu l'approcher, il y avait un évènement ce jour là, beaucoup de monde là haut et la police tribale barrait le chemin).

En 1973, à proximité du site, l'American Indian Movement vient occuper le village de Wounded Knee.
La réponse fédérale est immédiate et d'une ampleur démesurée. Deux mille agents du FBI et la Garde Nationale sont déployés et font un blocus autour du village.
Avec des véhicules blindés, des armes lourdes et des tireurs d'élite.
Le siège durera plus de deux mois. Deux indiens seront abattus. Et les militants se rendent.
Cet évènement a été couvert par plusieurs journalistes venus du monde entier. Ils auront probablement évité l'assaut sanglant des agents fédéraux.

https://indiancountrytoday.com/archive/13-images-remembering-the-occupation…

Documentaire Arte en 11 parties (voir playlist) : https://www.youtube.com/watch?v=VzGsaoDuKe0&list=PL3CAB139C721DBF6C&amp…

En 1975, deux agents du FBI sont tués dans la réserve de Pine Ridge lors de la recherche d'un suspect soupçonné de braquages.
Ce jour là est le début d'un des plus grands scandales de l'histoire judiciaire américaine.
L'affaire Leonard Peltier : https://fr.wikipedia.org/wiki/Leonard_Peltier
Peltier a 76 ans et est en prison depuis 44 ans maintenant.
Il existe une quantité de documentaires, livres et articles sur son cas.

Les conditions de vie sont difficiles dans les autres réserves Sioux.
Mais loin d'être aussi terribles que dans celle de Pine Ridge. Le taux d'homicide y était le plus élevé des Etats-Unis dans les années 70.
Le lourd passé qui pèse sur cette réserve donne l'impression que l'état fédéral l'a laissée choir il y a plusieurs décennies maintenant.
Sciemment ?

C'est aussi un des lieux où on se suicide le plus aux Etats-Unis. Particulièrement chez les jeunes (article d'il y a deux mois) :
http://pres06.kazeo.com/septembre-2020-l-oglala-sioux-tribe-declare-l-etat-…

Sur l'affaire Peltier, l'occupation de Wounded Knee et les militants de l'AIM, il y a un film de 1992 "Coeur de Tonnerre" (Thunderheart), avec Val Kilmer.
Et surtout un documentaire fait en même temps par le même réalisateur Michael Apted, "Incident at Oglala".
J'ai du voir le film et le doc lors d'une soirée spéciale sur Canal+ quelques mois avant mon voyage de 1994.
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adieu minette
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Re: Le sort des amérindiens

Message par adieu minette »

Je suis vraiment étonné que Jeep ne parle pas des Cherokees.
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Sophie du moulin
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Sophie du moulin »

Merci Jeep pour ce rappel. Ca me flanque toujours un coup au moral de constater que l'humain répète indéfiniment les mêmes atrocités, opprime sans arrêt d'autres humains. :(
Tu évoques les Cherokees, Minette, c'est parce qu'ils se sont métissés (je ne suis pas certaine que ce soit français ce que j'écris mais tant pis) avec des africains (issus de l'esclavagisme) et que cela leur a valu d'autres déboires ? (je suis allée faire une rapide recherche sur le net pour voir :wink: )
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adieu minette
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Re: Le sort des amérindiens

Message par adieu minette »

Non, j'évoque les cherokees, car "Jeep Cherokee"
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Sophie du moulin
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Sophie du moulin »

:hehe: C'est tout moi ça! :hehe: Toujours à chercher loin et sans penser qu'il peut s'agir d'une blague! :vivemoi:
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adieu minette
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Re: Le sort des amérindiens

Message par adieu minette »

En plus, je ne mets de smiley pour ne pas aider à repérer la blague pourrie. Mais Jeep Cherokee ça me faisait marrer.
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Jeep
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Jeep »

Arf !
Je me demandais pourquoi il me parlait des Cherokees... :lol:
Je suis passé dans la région d'une de leurs tribus dans le Tennessee en 1997, mais cela n'a rien à voir avec le mode de vie traditionnel des peuples du sud-ouest. Une petite ville moche comme il y en a tant aux Etats-Unis.
L'est américain est moins intéressant. Il y a les Séminoles en Floride, ils sont peu nombreux mais immensément riches grâce aux casinos à proximité de Miami (la chaine des Hard Rock Café sur toute la planète leur appartient), le gâteau est énorme et ils ne sont pas beaucoup à se le partager.
Un peu plus d'intérêt pour les peuples de l'est canadien, les hurons et autres tribus francophones par exemple.

La côte nord-ouest américaine et la côte ouest canadienne sont encore peuplées par de nombreuses tribus faiblement peuplées mais avec un artisanat somptueux. C'est là et uniquement là qu'on trouve les mâts totémiques (dans Tintin, Lucky Luke et dans de nombreux films, on représente souvent les indiens (Sioux, Comanches, Apaches...) sous une tente avec "un totem" au centre du campement. C'est une erreur).

En dehors des quelques tribus qui peuvent exploiter des casinos à l'intérieur de leurs réserves alors qu'ils sont interdits dans l'état, les amérindiens des Etats-Unis vivent dans leur grande majorité sous le seuil de pauvreté et souffrent plus que les autres habitants du pays de malnutrition, d'addictions, de pathologies sévères et de troubles psychiatriques.
Leur espérance de vie est donc bien moins élevée que celle du reste de la population.

Sur leurs territoires on trouve de grandes quantités de pétrole ou d'uranium, mais leur exploitation est faite sur la base de contrats très anciens qui ne leur laissent que quelques miettes.
Plus récemment quelques tribus avaient prospéré avec le gaz de schiste. L'effondrement du cours du brut ces dernières années a du les toucher de plein fouet.
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Sophie du moulin
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Sophie du moulin »

Tu n'as pas de photos, Jeep ? :)
En tout cas, je me sens moins seule pour mon incompréhension de l'humour de Minette. :wink:
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Jeep
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Jeep »

Sophie du moulin a écrit : 10 juin 2021, 19:51 Tu n'as pas de photos, Jeep ? :)
Pour les Etats-Unis + le Canada, environ 8.000 (5.000 en albums) et en argentique.
Du fait de l'argentique et que le développement se faisait à mon retour en France, je doublais ou triplais parfois les prises de vue en modifiant les réglages pour avoir au moins une photo optimale.
Quand j'attendais depuis des plombes un lever ou coucher de soleil dans un lieu "mythique", je voulais être certain de ne pas avoir de mauvaise surprise.

(le lieu qui m'a donné le plus de mal a été le volcan du Mont Saint Helens dans l'état de Washington, une des plus violentes éruptions de l'ère moderne en 1980. Le cratère est très éloigné de la ville la plus proche, 60 kms de route de montagne en lacets sur la fin, 90 mn pour y aller, autant pour en revenir. On est à plus de 2000 mètres d'altitude et il y a des jours où le brouillard tarde à sortir du cratère. Ou ne sort pas de la journée. Je ne pensais pas insister une autre fois après deux jours "perdus", mais à la troisième tentative j'ai eu enfin droit au soleil.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Mont_Sain ... elens3.jpg )

La très mauvaise idée dans ces années 90 a été de tout classer dans des albums identiques, fabriqués par une marque qui ne faisait que ça. Des albums en hauteur, très robustes, 3 photos par page dans des pochettes en PVC.
Après toutes ces années, presque toutes les photos sont collées au PVC dans le logement où je les avais glissé. Car les albums sont classés les uns contre les autres mais assez serrés pour ne pas qu'ils se déforment.
Pour en sortir une il faut prendre une languette en carton pour décoller le PVC de la photo, ça fait un effet ventouse. Elles sont intactes, mais quand ça elles sont collées ça fait des reflets en arc-en-ciel très désagréables. Donc pour scanner ça c'est un truc de fou, il faut répéter le geste à chaque photo extirpée et ensuite la replacer délicatement car c'est vraiment taillé pour du format 10x15 avec peu de millimètres de marge.

Concernant les photos dans les réserves indiennes, c'est quelque chose qui est souvent très encadré.
Monument Valley, le lieu le plus connu dans les réserves de l'ouest, chez les Navajos, on paye l'entrée de l'immense parc, on s'y déplace en auto, on prend des photos des massifs aux formes spectaculaires, mais on ne prend pas en photo les habitations traditionnelles et encore moins les habitants.

Dans d'autres réserves, il faut acheter un permis de photographie pour la journée. Avec les mêmes restrictions et en sus ne jamais s'approcher ou de photographier une "kiva", ces lieux de culte enfouis dans le sol, et dont on ne voit que les derniers barreaux d'une échelle en bois qui dépasse de l'ouverture.

Chez les Hopis, toute photo est interdite dans la réserve. Même les paysages ou les villages perchés sur des éperons rocheux.
Dessins et croquis prohibés aussi.

Chez les Pueblos du village spectaculaire de Taos ( https://www.spiritofusa.fr/taos-pueblo-alentours/ ), permis de photographier aussi.
La seconde fois où j'y suis allé, en 1998, il y avait une cérémonie avec des danses.
Ces cérémonies sont soit strictement privées et donc interdites aux visiteurs, soit ouvertes avec interdiction totale de photographier, filmer ou enregistrer. J'ai du rester une grosse heure, ils se déplacent en groupe serré de maison en maison en dansant devant chaque entrée, d'une façon différente parfois. Et des chants qui varient. C'était en fin de matinée, il est possible que ça a duré toute la journée après mon départ.

Et quelle que soit la tribu, ne jamais tenter de prendre en photo une personne sans en avoir demandé la permission préalablement.

J'ai eu quelques mésaventures et frayeurs durant ces voyages (en solitaire, j'ai oublié de préciser, en solitaire mais avec un trépied pour le réflex pour être quand même sur des photos. Des photos où il faut courir vite quand on a lancé le retardateur sur l'appareil. Me souviens plus si c'est 10 ou 15 secondes, mais des fois c'était limite pour arriver avant le déclic quand je voulais un plan panoramique avec moi bien éloigné de l'appareil).

Dans quasiment toutes les réserves, la vente d'alcool est interdite.
Mais une réserve, ça a des frontières et les lieux où on vend de l'alcool ne sont souvent pas loin de la frontière.
La plus grande ville près d'une réserve Navajo est Gallup au Nouveau-Mexique.
On y trouve quantité de magasins vendant de l'alcool et quantité de pawn shops (les prêteurs sur gage où les Navajos viennent déposer de somptueux bijoux en argent massif avec des turquoises énormes contre quelques centaines de dollars. Bijoux qui très souvent ne sont pas récupérés car pas d'argent pour reprendre le gage et intérêts. Donc ça part en vente. Des bijoux parfois transmis de génération en génération).
Gallup est sur le trajet de ce qu'il reste de la mythique Route 66.
Au sud de la ville il y a une longue ligne droite de plusieurs kilomètres où s'enchainent des fast foods, des motels, des stations services, etc...
J'attendais que le soleil se couche dans mon dos pour faire des photos dans ce style, avec le zoom au maximum toutes les enseignes sur plusieurs centaines de mètres semblent se toucher le long de la route :
https://goo.gl/maps/yxtDuETUNQ8V9WCa8

Ce que je n'avais pas vu en me déplaçant pour varier les angles, c'est qu'il y avait plusieurs navajos affalés contre le mur d'une station-service.
Complètement ivres et soudainement agressifs car ils étaient persuadés que c'était eux que je prenais en photo.
Pour moi ça a duré une éternité avant que le gérant de la station et un employé ne sortent et les repousse vers le fond du parking.
Le souvenir est très présent et a toujours été confus. Des cris en anglais et dans leur langue, des gesticulations, un qui avait agrippé la sangle de mon réflex autour de mon cou...Et surtout des regards où il ne semblait rien y avoir derrière.
Les gars m'ont conseillé de partir rapidement, je n'avais pas besoin qu'ils le précisent.
Une des photos était particulièrement réussie. Je l'avais fait tiré en très grand format et elle a décoré un mur chez moi pendant longtemps.

Bon je vais m'arrêter de parler de "là bas" car je pourrais le faire pendant des jours.

(PS : ça ne m'est plus arrivé depuis longtemps maintenant, mais j'ai fait un rêve récurrent pendant une vingtaine d'année. J'étais sur un lieu splendide pour prendre une photo et finalement il y avait toujours une merde qui arrivait. Je ratais le coucher de soleil, je n'avais plus de pellicule, l'appareil ne déclenchait pas...et je me réveillais systématiquement. Cette recherche de la photo ""parfaite"" durant les voyages m'a ensuite poursuivi dans mon inconscient).

Sil il y a des fautes de frappe ou des horreurs orthographiques, désolé, je n'ai pas l'habitude de faire des posts aussi longs.
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adieu minette
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Re: Le sort des amérindiens

Message par adieu minette »

C'est long mais intéressant.
Jeep quelle était ta motivation première de tes séjours aux Etats-Unis ? (Etudes ? Boulot ? Amours ? Un rêve depuis l'enfance ?) T'es pas obligé de répondre, mais je suis curieux.
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Sophie du moulin »

Merci Jeep! J'ai adoré ce petit voyage! cheers Et les photos ben je me les suis faite dans ma tête... surtout celle de toi courant les 10 sec du retardateur pour être sur la photo! :wink: Cela m'a rappelé une planche de Gaston Lagaffe lue à mon adolescence! :hehe: C'est dire si j'ai voyagé loin! :hehe:
Modifié en dernier par Sophie du moulin le 14 juin 2021, 16:00, modifié 1 fois.
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Re: Le sort des amérindiens

Message par ac2n »

Salut Jeep, t'as pas les négatifs de tes photos argentiques ?
"Moi je cultive l'amour sur le fumier du mépris" (Yes papillon-Gari Greù/JG Tartare)

"Le coinT coinT sauvera l'humanité" (ac2n, philosophie de bistrot virtuel)

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Jeep
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Re: Le sort des amérindiens

Message par Jeep »

adieu minette a écrit : 12 juin 2021, 20:46 C'est long mais intéressant.
Jeep quelle était ta motivation première de tes séjours aux Etats-Unis ? (Etudes ? Boulot ? Amours ? Un rêve depuis l'enfance ?) T'es pas obligé de répondre, mais je suis curieux.
Bon je n'étais pas reparti de l'autre côté de l'Atlantique, mais de l'autre côté du Rhône.

A la source j'imagine que c'est effectivement et surtout lié à l'enfance.
Les BD de Lucky Luke.
Les séries TV : Zorro, Au nom de la loi (j'avais la même Winchester que Steve McQueen mais en plastique).
Les figurines en plastique : une belle diligence avec son attelage de 4 chevaux, je dois l'avoir encore, pas mal de cowboys et les indiens étaient déjà là aussi. J'aimais bien les figurines de marins aussi, mais avec le recul ça faisait un peu trop Village People...merde il y avait aussi un indien et un cowboy dans le groupe :mrgreen:
Et les films bien entendu. les grands classiques avec John Wayne.

Plus tard ce sont d'autres films qui ont contribué à alimenter ce rêve, les Sergio Leone, ou les grands classiques que sont Little Big Man, Jeremiah Johnson...
Il y a aussi cette Amérique nostalgique des années 50, soit d'époque (Brando, James Dean), soit commémorée bien après (American Graffiti de Lucas, Outsiders et son jumeau Rumble Fish (Rusty James en VF) de Coppola, Grease...

Les lectures aussi : Steinbeck bien entendu et Kerouac forcément.
C'est principalement de tout ça que vient cet attrait de rouler dans cet Ouest rêvé depuis longtemps, où il arrive de ne pas croiser de bagnole pendant une heure, avec parfois aucun horizon tellement les plaines sont immenses.
La voiture américaine (même si parfois c'était une Hyundai avec une couleur verte improbable), les grands espaces, en écoutant la radio crachant du rock, ou de la country toute la journée.

Car je suis tombé dans le rock dès l'âge de 12 ans. La musique. Et la culture rock par la suite.
Et là forcément on va retomber sur les Etats-Unis, le berceau de ce rock. Et du blues bien avant.

Les fringues aussi. Quand j'ai eu mon premier CDI, au bout de quelques mois je me suis acheté des santiags mexicaines et un Perfecto (mais pas de bandana :wink: ).
La panoplie. Comme Johnny... :mrgreen:

Donc c'est tout un ensemble construit pendant des années avec ces multiples sources qui m'ont poussé à y aller une fois, puis une autre et encore et encore.

La découverte des Etats-Unis a commencé par Hawaii. Bon c'est un peu comme découvrir la France en commençant par La Réunion.
En 1990 la compagnie aérienne Pan Am a commencé sa descente aux enfers et brade les vols hors-saison pour essayer d'attirer de nouveaux clients. Elle s'associe avec un tour operator pour proposer à prix fracassé 15 jours hôtel compris sur les 4 îles principales de l'archipel de l'autre côté de la planète.
J'y suis allé avec un pote. Bon...lui c'était aller à la plage toute la journée.
Au bout de quelques jours, j'arpentais seul l'intérieur des îles à la découverte de paysages sublimes et de la culture polynésienne.
Mais le "déclic américain" se fait quand même sous les tropiques. On est à 5000 kms du continent et des 49 autres états mais dès que l'on s'éloigne du grand barnum touristique, on est bel et bien aux USA.

L'année suivante, Pan Am fracasse encore plus les prix (il feront faillite à la fin de l'été 1991), là c'est 15 jours à New York. Seul cette fois et définitivement.
NY c'est la grande claque dans la gueule dès que la navette venant de l'aéroport approche de Manhattan.
La ville n'était pas du tout aseptisée comme je le vois maintenant dans les séries, les films ou lors de directs TV : il y avait encore à Time Square les sex shops, les putes à proximité de Broadway et les mecs qui se faisaient un fix en pleine rue quand la nuit était tombée.
(second séjour en 1995, ça avait déjà beaucoup changé).

Un dernier élément concernant ce qui est plus qu'une motivation, car c'est devenu année après année une sorte d'addiction.
J'en étais arrivé à avoir l'impression que chaque fois que je quittais les Etats-Unis, je laissais une partie de moi sur place. Partie que je retrouvais lors du voyage suivant. En 1999 en me rendant vers l'aéroport de San Francisco je savais que je n'y retournerai pas avant longtemps (je n'y suis plus retourné en fait) et la déchirure avait été difficile. Elle peut revenir de temps en temps en voyant un film, une série, un documentaire en me souvenant que j'avais posé les pieds au même endroit que ce que je vois il y a très longtemps).

Mon grand-père maternel est né en Sardaigne. Dans les années 1920 c'était la misère comme dans beaucoup d'autres endroits en Italie.
Son frère aîné avait fait la traversée Marseille - NY (il y avait une ligne directe à cette époque, beaucoup d'italiens sont venus aux USA sur un paquebot depuis Marseille) et s'était installé à Chicago deux ans avant.
En 1922, mon grand-père a fini par économiser assez pour le rejoindre.
Son voyage s'arrêtera à Marseille où il se fera dérober tous ses papiers, son argent et son billet vers le Nouveau Monde.
Il rencontrera ma grand-mère, sarde aussi, mais qui elle avait quitté l'île pour s'établir dans la région de Marseille.
Le lien avec la famille qui était devenue nombreuse dans l'Illinois a continué jusqu'à la fin des années 50 (lettres, colis) puis s'est interrompu. Je n'ai jamais su exactement pourquoi. Une soeur était elle partie au Venezuela et le contact a continué jusque dans les années 70.

Lors du séjours à NY en 1991, je suis allé sur Ellis Island, une île à proximité de celle de la statue de la Liberté où arrivaient tous les immigrants pendant plus de 50 ans.
C'était le sas avant d'être autorisé à entrer sur le sol américain. Il n'était pas rare d'être refoulé.
Avant internet, il était possible sur Ellis Island d'avoir accès aux registres d'immigration qui étaient sur micro-films (on parle là de plusieurs dizaines de millions de personnes enregistrées). Il fallait être motivé pour pouvoir accéder à la recherche car c'était long et il fallait donner le plus de détails possibles.
Ce fut assez étrange de voir sur un écran le document d'entrée du frère de mon grand-père.
La question s'était posée depuis longtemps...une question dans le vide, qui n'a pas de réponse.
Que ce serait-il passé si mon grand-père avait lui aussi débarqué à New York ?
Pas le même mariage, pas les mêmes enfants...
Mais voilà.
L'existence tient parfois à un portefeuille volé.
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