Je n'ai pas vécu les concerts puisque j'étais trop jeune. Pour moi, cela fait bien longtemps qu'il traîne un mal être qui est latent et qu'il arrive parfois à dissimuler. Mais il sera toujours là, il me semble. (je ne suis pas un psy...)Disons qu'on est un certain nombre à avoir déjà vécu un retour de l'enfer de sa part...
C'était y'a en gros 15 ans...
Et on était content.
Je pense même pouvoir dire qu'on y a cru pour de bon, que pour nous tous et toutes on retrouvais le Renaud qu'on connaissait et qu'on aimait. Et que même si on trouvais que c'était parfois un peu laborieux on disait trop rien parce que c'était évident que revenir de là ou il était ça allait pas non plus se faire en 6 mois de retrouver la patate qu'il avait à l'époque des bateaux et des arbres sur scène puis des concerts à la mutu (ouais on était insouciant-e-s à l'époque, on ignorait complètement que le mal était déjà là pendant "ché ma tournée"). On a même rien balancé sur la parka en cuir beige avec col en laine, les teintures à cheveux et les jeans élimés (alors que franchement y avait de quoi vanner).
Quand un artiste commence à écrire Mistral Gagnant, Fatigué, C'est quand qu'on va où, les dimanches à la con, le sirop de la rue.... il extériorise une nostalgie, un mal être qui le bouffe de l'intérieur. Donc ça fait un bail qu'il dissimule un mal profond, lequel remonte à la surface régulièrement. A partir de là, je préfère le voir extérioriser son mal être et tenter de faire face plutôt que de se résigner et se laisser ronger de l'intérieur.
Quand Renaud est revenu en 2002, il était beaucoup moins positif qu'aujourd'hui. La différence est fondamentale. Dans son documentaire Le rouge et le noir, il ne cache à personne son spleen et ses "rechutes". Aujourd'hui, il compte les jours qui le séparent de l'alcool.
En 2002, il évoque son retour (premier titre de l'album) avec Docteur Renaud/ Mister Renard (+ un album nostalgique, de rupture...) qui est un titre sans détour mais pas fondamentalement optimiste. "Toujours Debout" est un titre qui est peut être moins bon, mais il a le mérite d'être optimiste et positif. Chose que l'on ne retrouvait pas en 2002 finalement.