Les fumeurs, c’est tous des cons.
Je le sais, ça fait 46 ans que je vis avec !
Ça a commencé dès ma naissance. Pendant la grosse vingtaine d’années où j’ai vécu avec mes parents, mon père fumait 3 paquets de cigarettes par jour. A l’époque (années 70 et 80), c’était normal de fumer dedans. Dans la maison, dans la bagnole, sur son lieu de travail, dans les lieux publics. Je me rappelle encore que, certains week-ends, par exemple quand il faisait froid ou moche dehors et qu’on ne pouvait pas ouvrir les fenêtres en grand pour aérer, si je sortais de la maison, lorsque je rentrais, tout était bleu. La salon-salle à manger-cuisine était baigné d’une brume bleutée, qui ondulait langoureusement au gré des déplacements d’air, des corps qui entraient en contact avec elle. Franchi la porte d’entrée, je ne voyais pas le fond de la pièce ! L’odeur âcre, les yeux qui piquent. Je partais me réfugier dans ma chambre.
3 paquets de clopes par jour (je sais pas si je dois compter aussi les cigares du week-end, qui puaient encore plus que les clopes, une horreur), ajoutés à un alcoolisme ravageur et galopant, ont eu raison de mon père. Il a cassé sa pipe à 67 ans, il y a un peu plus de quatre ans.
En début de vingtaine, je me suis installé avec ma meuf. Une fumeuse occasionnelle, ou une petite fumeuse, disons une demi-douzaine de clopes par jour grand maximum. 25 ans après, elle est au moins à un paquet et demi de clopes par jour (bientôt deux ? je ne sais pas, je ne compte pas, je m’en fous). Comme on n’a pas de balcon, ni de terrasse, ni de jardin, elle fume dans la cuisine, fenêtre entrouverte, certes, mais quand même. Matin et soir. Plus le week-end. Elle installe son ordinateur portable sur la table de la cuisine et, pendant qu’elle bosse, qu’elle regarde des films, des séries, qu’elle joue en ligne, elle clope. Du coup, je reste rarement dans la cuisine quand elle y est, sauf quand on fait un apéro avec des amis, par exemple. Elle quitte la cuisine lorsque je vais faire à manger. J’aère en grand et j’attends un peu avant d’y remettre les pieds et de sortir ustensiles et aliments. Mais bon, toute la pièce reste imprégnée. On aère aussi toute la nuit. Mais, même portes fermées et fenêtres entrouvertes, la fumée s’immisce, finit toujours par subrepticement se glisser dans les autres pièces, rampante, sournoise, invisible, avec son odeur qui titille les narines et prend à la gorge. Le pire, c’est celle du matin. Sans compter que ça doit bien nous coûter dans les 400 euros minimum par mois, ce "plaisir" (en prend-elle encore ?), cette "liberté".
Oui, car mon père, comme ma meuf, sont libres. Libres de fumer s’ils en ont envie. Totalement esclaves, selon mes critères, mais libres d’avoir choisi leur servitude (cela dit, on choisit tous nos servitudes, consciemment ou inconsciemment). Qui serais-je pour m’y opposer, pour entraver leur liberté ? Ils sont chez eux autant que chez moi. J’ai aussi plein de connaissances, de collègues et d’amis fumeurs, avec lesquels je partage des instants de ma vie. Surtout des filles, d’ailleurs. Les filles fument beaucoup plus que les mecs, autour de moi (mais il me semble qu’on peut généraliser le phénomène et l’appliquer à l’ensemble de la société française…)
Je ne sais pas comment finira ma meuf. Je ne sais pas comment je finirai non plus. 46 ans à inhaler en quantité la fumée des autres (heureusement, mon lieu de travail est non fumeur…), y’a peu de chances que j’en ressorte indemne, même si je n’ai jamais touché une clope, un cigare, une pipe, un joint… de toute ma vie. Les autres m’en ont tellement dégoûté… Ce qui est d’ailleurs le seul point positif de cette histoire.
Voilà, c’était un épisode des belles histoires de la vie pathétique de l’oncle Charlie. J’espère que ça vous a plu.
scubby a écrit : ↑05 juil. 2017, 13:26
Maintenant, quand il y a des illuminé-es qui veulent interdire la fumée sur des quais de gare ouverts, sur des esplanades ou encore dans les jardins publics... (mesures je précise indépendantes de la problématique des déchets/mégots), merci la tolérance!
Au Japon, c’est comme ça. Et c’est pas désagréable. A Tokyo, sur les quais de gare, il y a des boxes pour les fumeurs. Dans les rues, il y a des coins fumeurs. Idem dans les jardins publics. Les Japonais sont très respectueux. Ils ne jettent pas leurs mégots par terre. Ils ne jettent pas leurs déchets par terre non plus. Les rues sont toujours impeccables. Et pourtant, il n’y a pas de poubelles dans les rues. S’il leur arrive de fumer à l’extérieur, ils se baladent avec un cendrier portatif, un genre de boîte en métal, qu'ils mettent dans leur poche ou dans leur sac, boîte dans laquelle ils enferment leurs mégots, qu’ils jettent ensuite chez eux ou au boulot. Idem avec les autres déchets, qu’ils gardent avec eux, et s’en débarrassent dans une poubelle domestique. Le tri sélectif est généralisé. Mais bon, le Japon, c’est un peu Dreamland, pour moi. Un degré de "civilisation" qu’on n’atteindra probablement jamais (si on mesure le degré de civilisation à la propreté et à la qualité des chiottes, par exemple, alors ils sont à des années-lumière du reste de l’humanité).
P.S. : ma meuf s’est pliée aux usages. Au début, ça l’a fait chier. Elle a un peu râlé. Mais elle s’y vite faite et, après, ça ne l’a plus gênée du tout. (Enfin, quand elle est revenue en France, elle a vite repris ses habitudes...)