Renaud : « si Brassens était au-dessus de mon épaule... »
Renaud : si Brassens était au-dessus de mon épaule...
Le chanteur à la chetron sauvage était hier soir à Narbonne. Entretien davant concert : le cadeau sympa aux seuls lecteurs de lIndep.
Le concert de ce soir (ndlr : on était alors samedi soir, au parc des expos), cest un peu la nouvelle mouture de la précédente tournée...
Vrai, jai changé en cours de route, changé dorchestre, changé de répertoire. Après avoir fait 40 à 50 concerts, et surtout des grandes salles, jai eu envie de faire des salles plus intimes.
Des concerts plus accoustiques, avec des guitares sèches, des percussions. Pas trop de décibels, quoi !
Cest comme ça comme refait aussi un nouveau répertoire avec des chansons anciennes, pour les nostalgiques, quelques succès plus récents, ceux de la Belle de Mai, et deux chansons de Brassens, Le mauvais sujet et Je suis un voyou.
Justement, choisir 23 chansons chez Brassens cest pas difficile ? Ensuite, comment écarter certaines chansons, comme LAuvergnat ?
Brassens a fait tellement de chansons éternelles, dont la plupart ont été reprises des milliers de fois...
Jai voulu privilégier dautres chansons, celles que même les fans de Brassens ne connaissent peut-être pas...
Le CD à La Belle de Mai et celui sur Brassens, deux CD qui ont été faits à la maison.
Parce que je me suis toujours ennuyé en studio. Je ne suis ni un technicien du son, ni un puriste. Enregistrer à la maison cest mieux, cest les copains à la maison, le confort de la maison, la famille et aussi la télé, parce quil fallait pas rater les matches de la Coupe du Monde.
Renaud-Brassens, il y a comme une filiation entre les deux.
Je me sens un peu comme un fils de Brassens, et je revendique cette filiation. Cest quand même grâce à lui que jai voulu chanter, écrire des chansons. A ladolescence, ensuite, je nai jamais rejeté ça comme quelque chose qui maurait été imposé, que jaurais subi. Cest lui qui ma donné envie, dès lâge de 10 ans. Cest mon musicien préféré au monde.
Des fois je pense à ça : sil était là au-dessus de mon épaule quand jécris une chanson. Il me dirait : cest bien petit, ou, tu sais tu peux mieux faire encore... Sil était là...
On se souvient de cette phrase en 88 Tonton laisses pas béton autour de laquelle sest rassemblée ce quon appelait la Génération Mitterrand. Aujourdhui, quen reste-t-il ?
Jassume toujours. Jai pas pour habitude de trahir, de renier mes engagements, mes convictions. Et pourtant, le socialisme ma déçu, et Tonton parfois aussi. Sauf que je suis resté fidèle, mais critique. je laimais bien ce petit bonhomme.
Si je tombe sur quelquun qui me dit du mal de lui, je le défend bec et ongles, mais si je tombe sur un socialiste, alors là je lui sort tout ce que jai sur le coeur. Cest comme ça.
Renaud parvient à réunir deux générations, celle qui a vielli avec vous, et celle qui nétait même pas née quand vous commenciez à chanter.
Je ne me pose pas trop la question, mais je suis quand même étonné, surpris, et touché pour tant de fidélité, et en même temps de voir que le public se renouvelle. Pourtant, je nai jamais cherché à être un chanteur pour les jeunes, ni que pour les jeunes filles, comme certains...
Javais simplement envie dêtre un chanteur populaire.
Vous donnez limpression de vous être assagi ?
Jai vieilli, cest une évidence. Jai mûri, un petit peu...
Assagi ? Non, je ne pense pas. Jouvre peut-être un peu moins ma grande gueule. Jai deux tribunes qui me suffisent, la scène et Charlie. Et je préfère ces deux tribunes là que certains débats à la con à la télé.
Propos recueillis par André Navarro