Entrevues L'Indépendant, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 14 avril 2002.

Renaud : « si Brassens était au-dessus de mon épaule... »

> L'Indépendant n°42 du 20 octobre 1996

Renaud : “si Brassens était au-dessus de mon épaule...”

Le chanteur à la chetron sauvage était hier soir à Narbonne. Entretien d’avant concert : le cadeau sympa aux seuls lecteurs de l’Indep.

Le concert de ce soir (ndlr : on était alors samedi soir, au parc des expos), c’est un peu la nouvelle mouture de la précédente tournée...

Vrai, j’ai changé en cours de route, changé d’orchestre, changé de répertoire. Après avoir fait 40 à 50 concerts, et surtout des grandes salles, j’ai eu envie de faire des salles plus intimes.
Des concerts plus accoustiques, avec des guitares sèches, des percussions. Pas trop de décibels, quoi !
C’est comme ça comme refait aussi un nouveau répertoire avec des chansons anciennes, pour les nostalgiques, quelques succès plus récents, ceux de la Belle de Mai, et deux chansons de Brassens, “Le mauvais sujet” et “Je suis un voyou”.

Justement, choisir 23 chansons chez Brassens c’est pas difficile ? Ensuite, comment écarter certaines chansons, comme “L’Auvergnat” ?

Brassens a fait tellement de chansons éternelles, dont la plupart ont été reprises des milliers de fois...
J’ai voulu privilégier d’autres chansons, celles que même les fans de Brassens ne connaissent peut-être pas...

Le CD à La Belle de Mai et celui sur Brassens, deux CD qui ont été faits à la maison.

Parce que je me suis toujours ennuyé en studio. Je ne suis ni un technicien du son, ni un puriste. Enregistrer à la maison c’est mieux, c’est les copains à la maison, le confort de la maison, la famille et aussi la télé, parce qu’il fallait pas rater les matches de la Coupe du Monde.

Renaud-Brassens, il y a comme une filiation entre les deux.

Je me sens un peu comme un fils de Brassens, et je revendique cette filiation. C’est quand même grâce à lui que j’ai voulu chanter, écrire des chansons. A l’adolescence, ensuite, je n’ai jamais rejeté ça comme quelque chose qui m’aurait été imposé, que j’aurais subi. C’est lui qui m’a donné envie, dès l’âge de 10 ans. C’est mon musicien préféré au monde.
Des fois je pense à ça : s’il était là au-dessus de mon épaule quand j’écris une chanson. Il me dirait : c’est bien petit, ou, tu sais tu peux mieux faire encore... S’il était là...

On se souvient de cette phrase en 88 “Tonton laisses pas béton” autour de laquelle s’est rassemblée ce qu’on appelait la Génération Mitterrand. Aujourd’hui, qu’en reste-t-il ?

J’assume toujours. J’ai pas pour habitude de trahir, de renier mes engagements, mes convictions. Et pourtant, le socialisme m’a déçu, et Tonton parfois aussi. Sauf que je suis resté fidèle, mais critique. je l’aimais bien ce petit bonhomme.
Si je tombe sur quelqu’un qui me dit du mal de lui, je le défend bec et ongles, mais si je tombe sur un socialiste, alors là je lui sort tout ce que j’ai sur le coeur. C’est comme ça.

Renaud parvient à réunir deux générations, celle qui a vielli avec vous, et celle qui n’était même pas née quand vous commenciez à chanter.

Je ne me pose pas trop la question, mais je suis quand même étonné, surpris, et touché pour tant de fidélité, et en même temps de voir que le public se renouvelle. Pourtant, je n’ai jamais cherché à être un chanteur pour les jeunes, ni que pour les jeunes filles, comme certains...
J’avais simplement envie d’être un chanteur populaire.

Vous donnez l’impression de vous être assagi ?

J’ai vieilli, c’est une évidence. J’ai mûri, un petit peu...
Assagi ? Non, je ne pense pas. J’ouvre peut-être un peu moins ma grande gueule. J’ai deux tribunes qui me suffisent, la scène et Charlie. Et je préfère ces deux tribunes là que certains débats à la con à la télé.

Propos recueillis par André Navarro

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