Sortie de nouvel album Télé 7 Jours, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 24 juillet 2002.

Renaud, sept ans de réflexion

> Télé 7 Jours de 2002

Renaud, sept ans de réflexion

Le spleen ne l'a pas vaincu. Une « grosse fatigue » l'avait conduit à déserter la chanson française. « Mister Renard is back ».

Le Renaud nouveau est arrive. Après sept années passées à bouder, à tourner en rond, le Gavroche de la chanson re-pointe le bout de son insolence. Victoire sur le silence, Boucan d'enfer (Virgin), son nouvel album, sort le 27 mai, comme une résurrection. Son complice de tous les jours, le compositeur-guitariste-arrangeur Jean-Pierre Bucolo, son « Titi » à lui – celui pour qui il écrivit la mère à Titi - a su comment manœuvrer cette forte tête.. et dire que ce petit-fils d'anarcho-syndicaliste, pourfendeur du monde bourgeois, ne voulait plus sortir de sa tanière.

« Mes amis m'appellent Renard »

Même le vent de la révolte ne le faisait plus frissonner. Le blues avait eu raison de sa gouaille, de son inimitable phrasé et de ses bons mots. « Cinq ans sans écrire une ligne », s'excuse-t-il. Histoire de lui faire oublier le spleen, Bucolo, l'ami musicien, réussit à l'entraîner dans une tournée acoustique de 350 dates où 250 000 personnes sont venues redécouvrir une œuvre brute. L'envie est revenue. Et, avec elle, cette inspiration volatile qui lui a soufflé parfois des morceaux d'anthologie comme Laisse Béton, En cloque, I love You Because You Are. En ouverture de son nouvel opus, à la façon de Gainsbourg, il se dédouble, jouant sur les facettes de son personnage : « Docteur Renaud, Mister Renard ». « Renaud ne m'appartient plus. Mes amis m'appellent Renard. C'est un personnage que j'aime bien. Comme Zorro. » Avec certains de ses textes jetés en un quart d'heure sur un paquet de cigarettes, le garçon à la « chetron sauvage » a presque troublé les relations diplomatiques avec le Royaume-Uni à cause de Madame Tatcher. « Il m'est arrivé d'être touché par la grâce. Ma main est guidée par une puissance supérieure. Les mots coulent comme de l'eau. »

Georges Brassens, sa bonne étoile

Cette fois, c'est un pari, au détour d'un bistrot, qui parvient à le faire sortir du tunnel. Boucan d'enfer se trame en dix jours. Les chansons se sont succédé comme par enchantement. « J'ai toujours aimé, dit-il, faire des portraits des petites gens. Je suis touché par leurs problèmes. » Après Dédé, Pierrot, La Teigne, Mon Beauf, le premier de la nouvelle galerie de personnage est Petit pédé. C'est lui qui entraînera la suite joyeuse avec, notamment, Manhattan-Kaboul, en duo avec Axelle Red. C'est à lui qu'il confie, sans ironie, « Seul l'amour guérit de tous les maux ». L'artiste, qui attaque sur tous les fronts, même celui du 7ième art, est parti à Toronto pour jouer dans la Spirale du Crime, une comédie policière. Et rejoindra Gérard Depardieu, Johnny Hallyday et Harvey Keitel sur le tournage de Brad Mirman. Pendant toute cette traversée périlleuse, il n'a pas oublié son maître, Georges Brassens, qui fut toujours sa bonne étoile. « J'ai eu le privilège de le rencontrer. Il m'a dit que mes textes étaient bien construits », se souvient-il. Et il ne peut s'empêcher de l'imaginer, au-dessus de son épaule, relisant sa copie.

Catherine Delmas

Aucun commentaire

Soyez le premier à commenter !


(ne sera pas publié)