Écrits par Renaud Charlie-Hebdo, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 27 mars 2002.

Quand j'avance, ma montre recule - Comment veux-tu que je sois à l'heure ?

> Charlie-hebdo du 03 avril 1996

Quand j'avance, ma montre recule - Comment veux-tu que je sois à l'heure ?

Berk ! J'aime pas l'heure d'été ! Déjà j'aime pas l'heure en général, je méprise les minutes et les secondes m'énervent, mais alors l'heure d'été c'est vraiment une saloperie ! Au Novotel de Poitiers, j'ai passé ma nuit à essayer de régler mon réveil. «A trois heures il sera quatre heures, m'avaient prévenu les potes, donc t'avances ta montre d'une heure ! » Je m'excuse mais sij'avance ma montre, normalement je gagne une heure puisque je monte d'un chiffre, non ? Or il paraît que cette heure que j'avance je l'ai perdue... Personnellement ça m'étonnerait, j'ai jamais rien perdu de ma vie, ni mes clés, ni mon larfeuille, ni ma montre, ni mon peigne, je suis très soigneux. À trois heures moins le quart du matin j'avais presque réussi à comprendre le principe du bouleversement (j'avais mis mon réveil a. deux heures moins vingt, histoire de leur piquer quand même cinq minutes, personne n'y aurait vu que du feu), quand je me suis souvenu que leur connerie d'heure d'été ça ne démarrait qu'à trois heures. J'ai dû tout recommencer, tout reréfléchir. Bon, résumons-nous, si je dois perdre une heure de sommeil j'ai qu'à me faire réveiller une heure plus tard que j'avais prévu !

Pas con ! Hop, ni vu ni connu je récupère mon heure ! À trois du mat' je mets donc mon réveil à deux heures moins sept (au passage je rabiote encore deux minutes), je laisse ma montre à son heure normale, je l'ai payée assez cher, et j'appelle la réception pour me faire réveiller à onze heures puisque je devais me lever à dix. «Bien, monsieur Renaud, mais méfiez-vous, à onze heures il sera midi ! » Houla-la ! M'embrouillez pas ! C'est déjà assez compliqué comme ça !

Je me suis couché là-dessus en me demandant quand même un petit peu si j'allais pas rater mon TGV de onze heures avec ces conneries ! À six du mat', alors que j'avais finalement réussi à m'endormir en sursaut, une angoisse m'a réveillé comme une souche : est-c' que mes musiciens accepteront de payer une nuit complète si on leur facture une heure de sommeil en plus alors qu'ils en ont une en moins ? À l'heure (d'été) où j'écris ces lignes je sais plus du tout l'heure qu'il est, je suis dans mon train, c'est déjà ça, les musicos font la gueule, ils ont payé plein pot, dehors il fait beau, je viens de me rendre compte que j'ai oublié ma montre sur ma table de nuit à l'hôtel.

RENAUD

Aucun commentaire

Soyez le premier à commenter !


(ne sera pas publié)