Écrits par Renaud Charlie-Hebdo, le par fr.
Mis en ligne dans le kiosque le 7 décembre 2000.

Au Sud c'était les melons, Dans le Parc naturel du Lubéron, on protège les derniers socialistes

> Charlie-hebdo Bille en tête, 23 décembre 1992

AU SUD C'ETAIT LES MELONS
Dans le Parc naturel du Lubéron, on protège les derniers socialistes

La semaine dernière, je vous ai parlé du Nord Pas-de-Calais, aujourd'hui, je vais vous parler du Vaucluse-Pas-de-Calais-non-plus.

Le Vaucluse est un grand département, assez grand mais pas trop quand même, disons grand comme ma bite mais beaucoup plus ensoleillé, car le Vaucluse n'a pas de caleçon autour. Le Vaucluse n'a rien autour, à part peut-être l'Ardèche et les Bouches-du-Rhône, ce qui prête peu à conséquence. Alors que l'Ardèche est essentiellement peuplée d'instituteurs hollandais en vacances et de Hugues Aufray, le Vaucluse est peuplé de ministres socialistes, ce qui est quand même plus classe, sauf autour d'un feu de camp où il vaut mieux avoir Hugues Aufray que Laurent Fabius, surtout si on chante Debout les gars réveillez-vous ! Autrefois, les ministres avaient des maisons sur la Côte d'Azur, mais c'est parce qu'ils étaient de droite. Aujourd'hui, nos ministres de gauche, qui aiment beaucoup les pauvres, évitent cette région car elle en est pleine, on veut bien les sauver, pas les côtoyer. C'est donc dans le Vaucluse et, plus précisément, dans le Lubéron, que nos dirigeants se cachent de leurs dérisoires électeurs, à l'ombre des cyprès que Van Gogh peignat, des micocouliers que Michèle Torr chantait et des oliviers que Léonard coupa quand Léonard devint scie.

Le Lubéron est la plaie du Vaucluse.

Une protubérance montagneuse pour cadres moyens plantée comme une ignoble métastase sociale-démocrate au cur de ce département historiquement rouge. Alors que Saint-Rémy-de-Provence, par exemple, a son musée Van Gogh, pour bien prouver son mauvais goût à la face rougeaude des ridicules estivants, le Lubéron a son musée Vasarely. Quand on sait que même Georges Marchais y possède une résidence secondaire, on ne s'étonne plus de la chute du mur de Berlin ni de la déliquescence dans laquelle se vautre aujourd'hui la classe ouvrière. Le Lubéron est au Vaucluse ce que la myopathie est au sauteur à la perche: un handicap.

Mais le Vaucluse est assez grand (comme ma bite) pour vivre avec son Lubéron-congg. Au point que, en mille-ch'ais-pas-combien, lorsque le Vatican décida d'exporter sa peste mauve et or, c'est à Avignon, et pas à Henin-Liétard, que le pape Urbain V s'installit. Depuis lors, le Vaucluse est resté un département à forte tradition protestante. A Avignon, le pape se fit construire un palais sublime qu'il appela palais du Pape, mais, comme un jour il mourat, un nouveau pape fut appelé araignée et le blockhaus fut rebaptisé palais DES Papes. Chaque année, en juillet, dans la cour d'honneur de ce bunker, une troupe de théâtre subventionnée par la MJC de Nancy vient massacrer Shakespeare sous la direction d'un metteur en scène japonais homosexuel, la critique se pâme, le public a froid car l'adaptation dure six heures, Jack Lang pavoise et Jean Vilar meurt une deuxième fois. C'est le fameux Festival d'Avignon, mondialement connu des lecteurs du Guide du routard et de Libération.

A part Avignon, dans le Vaucluse, nous avons aussi Cavaillon, Carpentras et Apt, villes charmantes dont les spécialités sont respectivement: les melons, les berlingots et je sais pas.

Mais le joyau du Vaucluse est, sans conteste, l'Isle sur-la-Sorgue, la " Venise Comtadine ", très con pour son René Char et aussi un peu pour

Renaud. René Char, pour les ignorants, fut un gr poète, tout à fait imbitable de son vivant mais

apprécié aujourd'hui. Quant à moi, j'ai une mai là-bas, assez éloignée du centre-ville où le t~ Lubéron aime à venir déambuler, aux devantures antiquaires milliardaires et du magasin Chevignon quand le soir tombe sur les platanes et que c'est b. à se chier dessus.

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